À l'usine Renault de Flins, le 22 mai, la CGT et la CFDT appelaient à débrayer deux heures en fin de poste et à se rendre à la manifestation à Paris.

La direction et l'encadrement n'ont pas été avares de pressions de toutes sortes pour dissuader les travailleurs de débrayer. Sur les chaînes de montage, les chefs d'unité sont allés, la veille, voir un à un les ouvriers pour leur demander s'ils comptaient se mettre en grève le lendemain. En quelque sorte, cela ressemblait à une tentative sournoise d'imposer un " service minimum " chez Renault. Mais aux pressions ont aussi répondu les réactions, individuelles ou collectives. En Peinture, en effet, puisque la maîtrise tenait absolument à les voir, les travailleurs d'un secteur se sont déplacés à la convocation... à plusieurs ! Les chefs ont dû renoncer à leur cours de morale.

Et en effet, le débrayage a été suivi par 500 travailleurs d'un peu tous les secteurs de l'usine, des ouvriers de fabrication aux ouvriers professionnels et techniciens, certains secteurs étant particulièrement mobilisés, comme les travailleurs de Peinture en équipe du matin ou encore certains secteurs de professionnels dont l'avenir proche à l'usine est incertain, puisque la direction leur suggère de " se trouver un poste " ou de partir " en mission " sur une autre usine.

Sur le fond, à l'usine, personne, ni les plus âgés qui sont nombreux à la production, ni les autres, ne s'imagine aller jusqu'à 60 ans et plus en chaîne avec les cadences imposées et les postes de plus en plus chargés. Comme disait le slogan de la manifestation " 41 ans de chaîne, non, non, non ; 37 ans et demi ça suffit ! "