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Leur société
Les dividendes toujours en hausse : Pour que vivent les actionnaires... et crèvent tous les autres
En mars, la presse patronale se plaignait que les bénéfices déclarés des 40 plus grandes entreprises du pays, celles composant le CAC 40, n'aient progressé " que de 2 % ", pour atteindre, excusez du peu, 100 milliards d'euros. Cela permettait encore une progression de 13,6 % sur deux ans. Mais le Journal du dimanche vient de rendre publique la progression du dividende qui sera distribué cette année aux riches actionnaires de ces géants de l'industrie, de la finance et du commerce : ce sera plus 30 % pour France Télécom, BNP-Paribas et AXA, plus18,3 % pour Sanofi-Aventis, plus 14 % pour LVMH.
Pour tous ces trusts multimilliardaires, qui sont les véritables maîtres du pays, il s'agit d'abord et avant tout de remplir les poches de leurs principaux actionnaires. Ainsi Total, qui affiche en dollars une progression de 6 % de ses bénéfices, a décidé d'augmenter de 11 % les dividendes versés. Quant à Air France-KLM, qui afficherait un résultat en repli de 16 % par rapport à celui de l'an dernier, ses actionnaires n'en verront pas moins leurs dividendes augmenter de 21 %.
Cette année, les analystes financiers se plaignent, car la hausse vertigineuse de la part des profits redistribuée aux actionnaires pourrait connaître un ralentissement. Comme on le voit, il serait somme toute bien relatif. En 2007 les actionnaires de ces seules quarante entreprises avaient vu leurs dividendes augmenter de 21 % en une seule année, pour s'établir à 32 milliards d'euros. Mais en plus de cette redistribution directe, une part toujours croissante des bénéfices est consacrée par ces sociétés à racheter leurs propres actions. Car, en diminuant ainsi le nombre total de ces dernières, elles assurent un dividende encore plus important aux actionnaires restants. 8 milliards d'euros ont été détournés pour cela en 2007 par les entreprises du CAC 40.
L'an passé, 40 % des bénéfices ont donc été directement ou indirectement consacrés à la rémunération des actionnaires. Dans certaines entreprises ce taux est même supérieur : 53 % chez Vivendi et près de 70 % pour Total. Cela n'empêche pas les grands patrons et leur personnel politique de rabâcher leurs mensonges sur les " sacrifices nécessaires pour maintenir les profits qui assureront la croissance de demain ". La seule croissance qui les intéresse est celle de leur résultat.
En tous les cas, cet accaparement des richesses au profit des actionnaires se fait au prix de la diminution permanente de ce qui est laissé aux travailleurs qui les créent. En vingt-cinq ans, de 1978 à 2003, malgré l'augmentation importante du nombre de salariés, la part des salaires dans l'ensemble des revenus disponibles dans le pays est passée de 67 % à 53 %. C'est cette évolution qu'il faut inverser, et au plus vite.