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Liban : L'armée, finalement arbitre
Tout au cours de la crise ouverte fin 2006, les dirigeants de l'armée libanaise ont manoeuvré avec suffisamment de finesse pour s'imposer comme un arbitre. Ils ont évité de prendre parti trop ouvertement dans le conflit, de peur d'ailleurs que l'armée elle-même n'éclate entre ses fractions confessionnelles. L'armée a aussi augmenté son prestige en donnant l'assaut, au printemps 2007, aux milices intégristes retranchées dans le camp palestinien de Nahr-El-Bared. Enfin, son chef Michel Sleimane a ménagé ses relations avec tous, y compris avec le Hezbollah et avec le régime syrien, dont l'influence est ainsi reconnue.
C'est ce qui vaut à Michel Sleimane d'être aujourd'hui élu président de la République avec le soutien de toutes les fractions, mais aussi avec celui de tous les États arabes puisque c'est la Ligue arabe elle-même qui a recommandé son élection.
On peut bien sûr se demander combien de temps le fragile équilibre politique ainsi retrouvé au Liban pourra se maintenir : non seulement cela peut dépendre de nombreux facteurs extérieurs, mais ces mois d'affrontements laissent de profondes traces et ont encore accentué la division du pays et les ressentiments entre les différentes communautés, qui peuvent à tout moment déboucher sur de nouveaux heurts entre les différentes milices.
Quant aux problèmes urgents pour la population, ils sont toujours plus pressants. Le pays est détruit en partie par la guerre, ses infrastructures sont déliquescentes, l'inflation dévore le pouvoir d'achat et l'économie ruinée ne laisse à beaucoup, sans travail, d'autre solution pour survivre que le système D ou les aides dispensées par les chefs de telle ou telle communauté.
Ce n'est pas l'accord au sommet intervenu entre les différentes fractions qui apportera une réponse à ces questions. Il faudra que la population les pose elle-même, en dépassant des divisions confessionnelles qui ne mènent qu'à l'impasse.