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Italie : Le paquet anti-immigrés de Berlusconi
Après une campagne électorale largement axée sur la sécurité et attribuant toute la responsabilité de la délinquance aux immigrés clandestins, le nouveau gouvernement Berlusconi se devait de lancer rapidement une loi anti-immigrés. Le " paquet sécurité " qu'il vient d'annoncer n'y va pas par quatre chemins.
Il prévoit que la durée maximum d'enfermement dans les centres de rétention soit portée à dix-huit mois au lieu de soixante jours actuellement. Si un étranger en situation irrégulière commet un délit, la peine prévue par la loi italienne sera augmentée d'un tiers. Un étranger condamné à une peine d'emprisonnement supérieure à deux ans sera expulsé. On considérera comme un crime le fait d'utiliser des mineurs comme mendiants, visant ainsi les familles roms dont les enfants font la mendicité ou proposent de laver les voitures aux carrefours. Enfin, le fait d'immigrer clandestinement en Italie serait considéré comme un délit puni de six mois à quatre ans de prison.
Pour Berlusconi, pour les politiciens venus de l'extrême droite qui composent son parti et pour le parti xénophobe de la Ligue du Nord qui s'est joint à sa coalition, la cible toute trouvée, responsable de la délinquance, n'est pas les différentes mafias qui contrôlent une partie des affaires et même du territoire ; elles sont trop puissantes et ont trop de complicités au sein même des couches dirigeantes. Ce ne se sont pas non plus les patrons qui, en négligeant toute sécurité dans les entreprises, sont responsables d'une moyenne de quatre morts par jour d'accident du travail. Non, ce sont les immigrés et c'est contre eux qu'ils tentent de retourner le mécontentement et le malaise social.
Cela peut déboucher sur une véritable " guerre des pauvres " comme on l'a vu lorsque des habitants d'un quartier défavorisé de Naples, Ponticelli, ont mené une expédition punitive contre un camp rom. Mais surtout, les bandes de voyous racistes, toujours prêts à aller s'attaquer à plus faibles qu'eux, se sentent visiblement autorisés à passer aux actes. Ainsi le 24 mai à Rome, un groupe d'une vingtaine de personnes encagoulées, arborant des croix gammées sur leur foulard, ont fait une descente dans un quartier dont les commerces sont tenus par des Indiens ou des Bengalais, cassant les vitrines et dévastant les magasins.
Bien sûr, le maire de Rome Gianni Alemanno, issu de l'extrême droite, a désavoué officiellement cette action. Mais lui-même vient de se faire élire au terme d'une campagne sécuritaire dans laquelle il a promis l'expulsion de 20 000 étrangers sans papiers de la capitale. Au fond, les voyous du 24 mai n'ont fait qu'appliquer ses recommandations et si des faits analogues se sont produits à Turin, à Milan, à Novare, c'est bien parce que cela fait partie d'un climat sciemment entretenu par ses semblables.
Face à la dégradation sociale que ressentent particulièrement les couches les plus pauvres, il est commode de tenter de les lancer contre plus pauvres qu'elles, pour éviter qu'elles s'en prennent aux capitalistes qui en sont responsables. Les partis de gauche italiens qui étaient au gouvernement il y a encore deux mois portent eux aussi leur part de responsabilité dans cette évolution, ayant apporté leur pierre à la campagne de criminalisation des immigrés.
Pourtant, c'est bien dans la lutte contre leur système capitaliste et ses défenseurs que l'unité des travailleurs - italiens comme immigrés - devra se reconstituer.