Sarkozy et le pouvoir d'achat : Intéressement, participation et surtout poudre aux yeux30/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2078.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sarkozy et le pouvoir d'achat : Intéressement, participation et surtout poudre aux yeux

" Je veux être le président du pouvoir d'achat " : c'est le leitmotiv de Sarkozy depuis sa campagne présidentielle. À l'époque, il ajoutait même : " Le problème de la France, c'est que les salaires sont trop bas et que les prix sont trop élevés. " Un an plus tard, les salaires sont dans le même état et les prix ont flambé.

Mais comment augmenter les salaires, quand on ne veut surtout pas toucher aux profits des actionnaires ? Comment faire semblant de prendre en compte les problèmes de la population, quand on est ouvertement du côté de la minorité fortunée et que cela vous fait dégringoler dans les sondages ?

Le président, en mal de popularité, est donc revenu sur le sujet lors d'une visite d'usine pour affirmer : " La question du partage du profit est légitime. " Après tant d'audace verbale, il a ressorti deux dispositifs éculés.

D'abord, la participation, ce vieux gadget des gaullistes : obligatoire dans les entreprises de plus de cinquante salariés, elle attribue à ceux-ci des fonds qui doivent rester bloqués pendant cinq ans. Sarkozy envisage de permettre le déblocage immédiat des sommes concernées, qui seront alors soumises à l'impôt.

Mais le grand cheval de bataille de Sarkozy, est désormais l'intéressement aux bénéfices de l'entreprise. Cet intéressement est aujourd'hui facultatif et n'existe que là où un accord entre le patron et les syndicats en fixe le mode de calcul : c'est le cas dans les deux tiers de grandes entreprises et dans seulement 11 % de celles de moins de cinquante salariés. Pour développer ce mode de " partage " d'une toute petite partie des bénéfices, Sarkozy propose aux patrons un crédit d'impôt de 20 % sur les sommes versées au titre de l'intéressement. Ce calcul s'appliquerait à la totalité des sommes, pour les entreprises qui concluraient leur premier accord. Pour les sociétés ayant déjà un accord mais qui le rendraient plus favorable aux salariés, ce crédit s'appliquerait aux sommes supplémentaires consacrées à l'intéressement.

Cependant, rien de tout cela ne sera obligatoire. Et si les entreprises ne jouent pas le jeu ? Le gouvernement veut " exhorter " les patrons à ouvrir avec les syndicats des négociations salariales régulières et même il les menace, s'ils ne le font pas, de voir leurs allégements de charges diminuer de 10 % - vers la mi-2010 ! Mais comme l'a ajouté Sarkozy : " Discuter ne veut pas nécessairement dire conclure (...) il faut se parler. "

Sa défense du pouvoir d'achat se révèle pour ce qu'elle est : de la poudre aux yeux. Le Medef ne s'y est pas trompé : il a vu une " bonne nouvelle " dans cette déclaration présidentielle. Moins d'impôts, pas de contrainte, pas de mesure générale mais une discussion éventuelle entreprise par entreprise : il est difficile d'avoir les mains plus libres... pour ne pas augmenter les salaires !

Autant dire que Sarkozy et ses propos d'illusionniste auront du mal à abuser tous ceux qui voient leur pouvoir d'achat dégringoler. Pour les travailleurs, le seul " partage du profit " qui ait un sens, ce serait une véritable augmentation des salaires en prenant sur les bénéfices des grandes sociétés et les fortunes des actionnaires.

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