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- Lutte ouvrière n°2078
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Leur société
Delanoë - Royal : De l'audace... pour mener un faux débat
Entre Delanoë et Royal, la course est lancée pour savoir qui remplacera François Hollande au poste de premier secrétaire du PS, au terme du congrès de Reims en novembre. Ce qui les motive n'est certainement pas la seule perspective d'être sacrés à Reims, mais aussi la course pour l'Elysée en 2012 : qui aura la direction du parti devrait être le mieux placé pour être le candidat du PS à la prochaine présidentielle.
Ségolène Royal a ouvert la compétition. En se déclarant candidate la première, elle s'est attiré de nombreuses critiques au sein du PS : selon ses rivaux potentiels, cette annonce était inopportune, il fallait débattre d'abord d'idées, de programme avant de parler d'homme ou de femme en l'occurrence.
De son côté, le maire de Paris Bertrand Delanoë ne pouvait se laisser distancer. Pour montrer qu'il a des idées, même s'il n'est pas encore officiellement candidat, il a donc publié un livre intitulé De l'audace, celle-ci consistant pour lui à se dire à la fois " libéral et socialiste ". Ségolène Royal a alors rétorqué que ces deux mots sont " totalement incompatibles ", se réclamant de Jaurès et fustigeant ce qui serait une dérive à droite de son futur adversaire. Débat d'autant plus oiseux que le mot " libéral " est suffisamment flou pour permettre toutes les interprétations.
" Les socialistes doivent être les combattants de la liberté et de l'extension des droits, c'est ça le libéralisme politique ", a expliqué Delanoë le 25 mai à la Mutualité à Paris, devant un parterre de dirigeants du PS, dont Lionel Jospin, invitant les militants " à lire le livre en entier ". Mais il n'est pas besoin de le lire pour savoir que, parmi les dirigeants socialistes, rien ne ressemble plus à un " libéral " partisan de " l'extension des droits ", qu'un adversaire du " libéralisme " défenseur du système capitaliste. Car chaque fois que le PS a été au gouvernement, sous la présidence de Mitterrand ou avec Jospin, il a mené la même politique que la droite, une politique en faveur du grand patronat dans laquelle les droits réels des travailleurs ne se sont pas étendus, au contraire ! Le pseudo-débat d'idées entre Royal et Delanoë, et peut-être d'autres, n'est là que pour tenter de faire oublier cette expérience, avant de la recommencer.
Que Royal ou Delanoë prennent demain la tête du PS et que l'un d'eux, après-demain, devienne président de la République, il n'y aura rien à en attendre.
Et de toute façon, les travailleurs ne peuvent pas attendre, ni novembre 2008 ni le printemps 2012 : c'est maintenant que gouvernement et patronat les attaquent. Ils ne peuvent répondre qu'avec les armes à leur disposition : la grève, les manifestations, et surtout préparer une véritable riposte d'ensemble du monde du travail.