Birmanie : Une dictature de plus en plus contestée26/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2043.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Birmanie : Une dictature de plus en plus contestée

Chaque jour, les manifestants se retrouvent plus nombreux dans les rues de Rangoon, la capitale économique de la Birmanie, et des grandes cités du pays. À l'initiative conjointe de membres de l'opposition à la junte militaire qui dirige le pays depuis 1962 et de religieux, ce mouvement de protestation a été déclenché le 19 août après une augmentation massive du prix des carburants.

Le 15 août dernier, la junte a décidé d'augmenter de 66 % le prix de l'essence, de 100 % celui du diesel et de 535 % le prix du gaz comprimé, provoquant une importante augmentation du prix des transports en commun et du coût de la vie. Si le pays possède d'importantes ressources naturelles (gisements de gaz, de pétrole, de pierres précieuses...), celles-ci profitent surtout aux grandes sociétés occidentales comme Total qui les exploitent (avec la bénédiction de l'État français) ainsi qu'à une minorité proche du pouvoir, alors que la plupart des Birmans vivent dans une grande pauvreté. Neuf personnes sur dix gagnent à peine l'équivalent de 70 centimes d'euro par jour.

Depuis le coup d'État de 1962, les généraux qui se sont succédé au pouvoir ont entretenu une dictature féroce, qui réprime sauvagement non seulement l'opposition officielle mais aussi les minorités ethniques en révolte comme les Karen et les Mon. En 1988 notamment, un soulèvement populaire contre la cherté de la vie fut réprimé dans le sang ; l'armée fit plusieurs milliers de victimes. Actuellement, la plupart des leaders de l'opposition sont emprisonnés ou placés en résidence surveillée, comme la porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie, Aung San Suu Kyi.

Aujourd'hui, l'armée reste le principal pilier de l'État ; forte de plus de 400 000 hommes, elle absorbe plus de 35 % du budget alors que la part de celui de la Santé, par exemple, n'atteint que 0,5 %.

Au début, la junte a bien tenté de couper court à la contestation, mais sans succès. Celle-ci est allée en s'amplifiant, prenant un tour politique avec la revendication de la démocratie. Les moines bouddhistes, qui constituent une force politique et morale et qui bénéficient d'un statut privilégié, sont également de plus en plus nombreux à descendre dans la rue, signifiant du même coup au régime qu'il n'a plus leur caution.

Les dirigeants américains et européens ont également appelé la junte à entreprendre des réformes démocratiques. Après quarante-cinq ans de complicité et de soutien à la dictature birmane, il serait temps ! La question est plutôt de savoir jusqu'où le régime est prêt à aller pour réprimer violemment la contestation, comme il a commencé à le faire le 25 septembre. Malheureusement, les appels des bonzes à la prière ou les appels des dirigeants de l'opposition à la non-violence ne préparent guère la population à faire face à un tel danger.

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