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États-Unis : Grève et négociations chez General Motors
Aux États-Unis, le syndicat de l'automobile, l'UAW, a appelé, lundi 24 septembre, les 73 000 travailleurs de General Motors, le premier constructeur automobile mondial, à se mettre en grève. Il s'agissait de faire pression sur la direction à l'occasion du renouvellement du contrat entre la direction et le syndicat, contrat qui va servir ensuite de modèle pour Ford et Chrysler et qui donnera le ton aux négociations dans les autres branches.
Les négociations sur ce nouveau contrat durent déjà depuis des mois. Elles se sont même poursuivies depuis plus d'une semaine au-delà de l'expiration de l'ancien contrat et l'UAW avait donné jusqu'à lundi 24 septembre, 11 heures du matin, à la direction pour signer le nouvel accord, sous peine de grève.
Quelles étaient les exigences du syndicat ? Il est difficile de le savoir car celui-ci n'a absolument pas tenu au courant les travailleurs du déroulement et du contenu des négociations. Mais d'après les fuites rapportées par la presse, le conflit ne portait pas sur les sacrifices que la direction a exigés en matière de couverture médicale des retraités, pourtant garantie à vie depuis 1964 et dont elle aurait réussi à se débarrasser en en transférant la gestion au syndicat. La direction devrait verser une somme importante en une fois pour alimenter le fonds. Mais ce sera pour elle une excellente affaire qui pourrait lui faire économiser, selon les analystes de Wall Street, quelque 3 milliards de dollars par an ! C'est maintenant le fonds appelé VEBA (Association volontaire d'employés bénéficiaires), alimenté par des cotisations importantes des travailleurs et des retraités, et sous la responsabilité du syndicat, qui devrait assurer la couverture sociale. Mais il garantirait d'autant moins ses prestations qu'il serait dépendant de la rentabilité de ses placements boursiers. D'ailleurs de tels VEBA, mis en place dans d'autres entreprises, ont déjà connu la faillite.
Il s'agit donc d'une remise en cause considérable des droits des salariés et retraités. On ignore encore quelle autre concession l'UAW a bien pu accepter, en particulier sur les salaires. Mais l'argument essentiel utilisé par le syndicat est qu'il faut sauver les emplois et empêcher les délocalisations. Or il semble bien que c'est sur ce chapitre que la négociation a achoppé le 24 septembre.
Pourtant les promesses de GM en la matière n'engagent pas les constructeurs automobiles à grand-chose. Depuis 1982 chaque contrat promet la sauvegarde des emplois pour aider l'UAW à faire accepter des sacrifices supplémentaires aux travailleurs dans tous les domaines, sur les conditions de travail, les cadences, les salaires, les prestations sociales, etc. Et pendant ce temps les effectifs n'ont cessé de diminuer. Rien que depuis 1990, le nombre des travailleurs de l'automobile couverts par les contrats garantissant la sauvegarde des emplois est passé de 463 000 à 178 000 !
Les dirigeants de l'UAW, qui protestent de leur loyauté envers leur " partenaire ", se vantant même d'avoir permis à l'entreprise d'économiser des milliards de dollars, se sont sentis trahis par la direction de GM, qui refusait de promettre quoi que ce soit en échange des sacrifices consentis. Mais c'était aussi une mise en scène pour démontrer aux travailleurs que la détermination des négociateurs syndicaux n'a pas faibli et que le contrat ainsi arraché de haute lutte ne peut pas être amélioré.
En tout cas un accord a été trouvé en 48 heures et le PDG de GM, Wagoner, a rendu hommage aux responsables syndicaux, en affirmant que c'était la négociation la plus difficile qu'il ait connue. Reste maintenant à savoir si les travailleurs vont être dupes des grandes manoeuvres syndicat-patron menées contre eux, s'ils vont accepter de cesser la grève qu'ils viennent à peine de démarrer et s'ils vont accepter de ratifier ce nouveau contrat, qui doit être soumis à leur vote.