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Editorial
Une société malade
Le gouvernement s'apprête à annoncer trois nouvelles franchises médicales. Le patient devra débourser de sa poche un demi-euro sur chaque boîte de médicaments, un demi-euro aussi pour les actes paramédicaux, comme chez le kiné par exemple, et deux euros si son état exige le déplacement en ambulance. Et ces franchises s'ajoutent à celles qui nous sont imposées depuis trois ans : le forfait de un euro par acte médical, le forfait hospitalier porté à 16 euros par jour, sans parler du déremboursement, partiel ou total, de centaines de médicaments.
Il s'agit de sommes forfaitaires, les mêmes pour les plus riches que pour les plus pauvres. Elles frappent donc surtout ceux qui, tout en ne bénéficiant pas de la CMU, n'ont qu'un revenu modeste : bas salaires, précaires et la majorité des retraités.
La conséquence de ces mesures est évidente : tous ceux des classes populaires, qui ne s'en sortent pas avec ce qu'ils gagnent, y regarderont à deux fois avant d'aller chez le médecin. Ils se soigneront plus mal, plus tard, voire trop tard !
Pour justifier cette mesure inique, le gouvernement rechante le refrain sur le déficit de la Sécurité sociale. Ce gouvernement, qui ose se justifier par le déficit de 11 milliards de la Sécurité sociale prévu pour 2007, est le même qui a fait 15 milliards d'euros de cadeaux fiscaux pour les plus riches. Et ce n'est pourtant qu'une faible partie des 100 milliards d'aides que l'État verse aux entreprises, c'est-à-dire à leurs propriétaires.
On prend dans la poche des malades et des plus pauvres, au même moment où, par le biais des banques centrales, on déverse des dizaines de milliards pour voler au secours des spéculateurs en sauvant le système financier.
Et puis, d'où vient le déficit de la Sécurité sociale ? Les caisses de celle-ci servent à tous les gouvernements lorsqu'ils veulent faire des cadeaux aux entreprises. Il y a mille et une manières pour un patron de ne pas payer de charges sociales. C'est du vol pur et simple, car ces cotisations sociales font partie intégrante du salaire. Chaque diminution ou suppression de charges sociales est, en réalité, une réduction de salaire.
Si tous les patrons payaient les charges sociales, les caisses de la Sécurité sociale seraient largement bénéficiaires.
Bien sûr, l'État est censé compenser les baisses de charges sociales, mais il ne le fait que partiellement, en retard, voire pas du tout. Et de toute façon, même la part qui est remboursée à la Sécurité sociale sort des caisses de l'État. Voilà la raison pour laquelle l'État est en faillite, comme le dit Fillon. Voilà pourquoi il n'y a pas assez d'argent pour les écoles, pour les hôpitaux et pour les services publics.
Les journaux télévisés pourront bientôt faire l'économie de présentateurs, tant Sarkozy occupe les écrans de télévision, pour ainsi dire chaque jour depuis la rentrée de septembre. Sa fébrilité médiatique vise à faire passer au plus vite toutes les mesures que le patronat lui demande de faire passer : la réduction des retraites et l'aggravation des conditions dans lesquelles on peut les prendre, les suppressions d'emplois dans les services publics et les restrictions du droit de grève, c'est-à-dire des moyens de se défendre.
Les mesures contre les classes populaires se suivent en rafale, pendant que le grand patronat et les plus riches sont choyés... jusqu'à la dernière mesure qu'il ne faudra pas prendre, jusqu'à ce que la marmite explose sous la colère des victimes de cette politique, mettant ainsi fin aux gesticulations frénétiques de l'homme du patronat installé à l'Élysée.
En attendant, Lutte Ouvrière appelle à participer à toutes les protestations organisées contre les atteintes à notre niveau de vie.
Arlette LAGUILLER
Éditorial des bulletins d'entreprise du 24 septembre