Paris, boulevard de la Villette : La mort d'une sans-papiers26/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2043.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Paris, boulevard de la Villette : La mort d'une sans-papiers

Terrorisée par l'arrivée de la police dans le minuscule logement du quartier de Belleville, à Paris, où elle était hébergée avec des compatriotes, une Chinoise sans papiers s'est très grièvement blessée, le 20 septembre, en tentant de fuir par la fenêtre du premier étage. Elle est décédée le lendemain, des suites de ses blessures.

Une première manifestation était organisée le lendemain 21, devant l'immeuble d'où Mme Zhang était tombée, alors qu'elle était encore dans le coma. Survenu quelques heures plus tard, le décès de Mme Zhang n'a été rendu public que le 23 septembre. Plusieurs centaines de manifestants se sont à nouveau rassemblés, lundi 24, devant cet immeuble du quartier Belleville, où se trouvent regroupés de nombreux travailleurs de toutes origines, dont beaucoup viennent de Chine. Slogans et prises de parole - dont celle d'un représentant de Lutte Ouvrière - ont exprimé colère et rejet de la politique gouvernementale à l'égard des immigrants et de leurs familles, et en particulier, de la chasse aux sans-papiers.

Cette traque des travailleurs qui n'ont pas les " bons " documents est menée depuis plusieurs années, et s'est encore accentuée par la volonté de Sarkozy, entraînant des pressions " au résultat " du ministre de l'Immigration, qui vient de rappeler à l'ordre les préfets encore éloignés de l'objectif fixé à 25 000 expulsions de sans-papiers. Et ces personnes, qui gagnent leur vie dans des conditions d'autant plus pénibles qu'elles n'ont le choix ni de leur emploi ni de leur employeur, survivent entassées, avec leurs enfants parfois, dans des pièces minuscules, craignent chaque déplacement et tremblent à la vue des policiers.

C'est dans ce contexte que s'est produite la mort de Mme Zhang. En moins de deux mois, c'est la quatrième intervention policière conclue par un accident. Le jeune Russe de 12 ans, par exemple, tombé en août à Amiens de son immeuble en suivant son père qui tentait de s'échapper, est encore en convalescence après un long coma.

Le préfet de Police s'est défendu d'avoir lancé une " opération de contrôle de l'immigration irrégulière " et considère donc que Mme Zhang a été " victime d'un tragique accident ", car l'intervention qui amenait les policiers dans le logement bellevillois portait sur une autre affaire. C'est aussi l'opinion de Rama Yade, la sarkozyste secrétaire d'État aux Droits de l'homme, si prompte à intervenir à Aubervilliers lorsque les squatteurs qui y campaient en ont été délogés... pour stigmatiser la municipalité dirigée par le Parti Communiste.

Et pourtant, c'est bien cette peur panique d'être saisi, menotté, enfermé en centre de rétention, reconduit de force dans un lieu qu'on a dû fuir, c'est bien cette situation insupportable de qui-vive permanent qui a pu pousser une femme de 51 ans à partir par la fenêtre au risque de sa vie.

Alors il faut régulariser au plus vite tous les sans-papiers, faute de quoi, comme le criaient les manifestants, " le gouvernement [aura] du sang sur les mains ".

Partager