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Leur société
"Situation de faillite" : Une dette de l'État creusée par les nantis
En ayant déclaré le 21 septembre qu'il dirige un " État en situation de faillite sur le plan financier ", le Premier ministre a eu " le mérite d'avoir frappé les esprits ", assure sa ministre de l'Économie, Christine Lagarde, celle qui la première a évoqué une " politique de rigueur ".
On nous rappelle donc que le déficit du budget annuel de l'État représente 2,7 % du produit intérieur brut, que le cumul de cette dette atteint 1 150 milliards d'euros, l'équivalent de huit mois de la production, " une situation qui n'est plus supportable ", dit Fillon.
L'endettement de l'État français n'est pas mince, mais il se situe dans la moyenne de l'Union européenne. Il est même inférieur à celui de grandes puissances, telle l'Italie ou le Japon, dont les dettes publiques représentent respectivement un an et vingt mois de leur production nationale. Et pendant qu'on nous assène des " vérités " peu vérifiables mais destinées à culpabiliser tout un chacun, on se garde bien de nous dire d'où vient cette dette et ce que l'État a bien pu faire de telles masses d'argent.
Car Fillon découvre " qu'on n'a pas voté un budget en équilibre depuis 25 ans ", mais lui et son président ont fait partie des gouvernements qui ont contribué à alourdir la dette ! De 49 milliards d'euros de déficit voté en 2002, on est passé à 56 milliards en 2003 et pratiquement autant par la suite, sous des gouvernements où Sarkozy a notamment été ministre de l'Économie ! Et la dette publique a explosé, au point que le seul paiement de ses intérêts est devenu le second poste du budget après la Défense et devant l'Éducation.
Depuis les années soixante-dix en particulier, les gouvernements ont voté des budgets en déficit pour mieux déverser des milliards dans la poche des possédants. Avec le grippage de l'économie capitaliste qui a commencé à se manifester à cette époque, les gouvernements ont expliqué qu'il s'agissait de " soutenir la conjoncture ", de " relancer la croissance ". En fait, ils ont pioché dans la caisse pour aider les capitalistes à maintenir leurs profits.
Ils ont ainsi renfloué les patrons de la sidérurgie, de l'automobile, cédé au privé des entreprises publiques qui rapportaient de l'argent à l'État ou des entreprises que l'État avait nationalisées, et payées, le temps de les remettre à flot.
Les prétextes changent, mais c'est toujours aux mêmes que l'État offre des cadeaux, au détriment des finances publiques et du financement des services publics utiles à tous. Puis, arguant de nécessaires économies, alors qu'ils organisent le déficit croissant de l'État, les gouvernements sabrent dans les effectifs et subventions des services publics.
Bénéficiant des largesses de l'État, les nantis profitent également de sa dette. Pour boucler son budget, l'État doit emprunter, et cela offre du même coup une rente garantie aux grands groupes financiers et à leurs actionnaires.
Après son élection à la présidence, la première mesure de Sarkozy a été de faire voter un " paquet fiscal " de 15 milliards d'euros. C'était autant en moins dans les caisses de l'État. Mais c'était presque autant qui filait dans celles des plus riches avec le " bouclier fiscal " porté à 50 %, la quasi-suppression des taxes sur les successions...
Le déficit que Sarkozy et Fillon ont accru leur sert maintenant de prétexte pour imposer de nouveaux sacrifices aux classes populaires qui ne sont pourtant pour rien dans cette faillite organisée !