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Leur société
Fonctionnaires : Sarkozy voudrait moins de services publics
Sarkozy répète qu'il faut réformer l'État et réduire le nombre de fonctionnaires. D'ici 2015, ce nombre devrait diminuer de 35 000 à 50 000 chaque année en ne remplaçant pas un départ en retraite sur deux. Mais il voudrait aussi remettre en cause certains fondements de ce qui constitue la " fonction publique " actuelle.
Sans le dire explicitement, il annonce son intention de se débarrasser des garanties dont bénéficiaient les travailleurs de l'État, ce que l'on appelle le " statut des fonctionnaires " dont le socle date de 1946.
Ce statut garantit l'emploi des fonctionnaires, prévoit des grilles de salaire et de promotion commune à toute la fonction publique et organise les mutations. Des concours anonymes sont à la base des recrutements. Mais il existe déjà actuellement plus de 12 % d'emplois contractuels dans la fonction publique.
Sarkozy parle aujourd'hui de proposer aux nouveaux recrutés le choix " entre le statut des fonctionnaires ou un contrat de droit privé négocié de gré à gré ". C'est ce qu'il appelle " donner de la souplesse et du sang neuf " au système. Il veut remettre en cause l'accès par concours en dénonçant le " carcan " qu'il représenterait. Il veut liquider les garanties collectives attachées au contrat de travail des fonctionnaires et mettre en place l'individualisation des rémunérations. Il veut pouvoir mettre facilement sur la touche ceux qui ne feraient plus l'affaire.
Pour dorer la pilule, Sarkozy prétend quand même vouloir " des fonctionnaires " mais " moins nombreux ", " plus efficients ", qu'il paierait mieux, " avec de meilleures perspectives de carrière ". C'est une manière de dire une fois de plus que les fonctionnaires se la coulent douce aux frais de la princesse, refrain que nous chantent tous les démagogues.
Cette démarche s'inscrit dans une même perspective : économiser sur les dépenses qui sont utiles à la collectivité. En réduisant le nombre de salariés travaillant au service de l'État, en particulier dans les services publics, ce sont ces services qu'il veut restreindre, en transférant ce qui est rentable au secteur privé, à la " concurrence ", et en réduisant ce qui ne l'est pas à la portion congrue.
Mais est-ce que ce sera un mieux s'il y a moins d'enseignants dans les établissements scolaires pour accueillir les enfants de quartiers populaires, s'il y a moins d'entretien, d'équipement, de personnel dans les hôpitaux publics, si les prix de l'hospitalisation augmentent ?
Sarkozy ne vise pas à rétablir l'équité, comme il le prétend. Au contraire il creuse les inégalités entre les classes populaires et les plus riches qui, eux, n'ont pas besoin d'un service public de la santé pour accéder aux meilleurs soins, ni d'un service public de l'Éducation pour leurs enfants, car ils peuvent leur trouver de bons enseignants dans des institutions payantes dont les classes n'ont pas des effectifs trop nombreux.
Moins de services rendus à ceux qui ont le plus besoin de services publics, pour aider sans compter les plus riches, telles sont les ambitions à peine cachées de Sarkozy