Rentrée scolaire à Saint-Denis(Seine-Saint-Denis) : Non, tout ne va pas bien monsieur le Ministre !26/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2043.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rentrée scolaire à Saint-Denis(Seine-Saint-Denis) : Non, tout ne va pas bien monsieur le Ministre !

Sarkozy a félicité son ministre de l'Éducation nationale Darcos pour cette rentrée scolaire réussie. Réussie ? C'est vite dit. Au lycée d'application l'ENNA à Saint-Denis, à la rentrée, dix postes n'étaient pas pourvus. Les années précédentes, il arrivait parfois qu'il manque un enseignant, mais dix sur un effectif de 85 professeurs, c'est du jamais vu !

Ainsi par exemple une classe de première année CAP électricité n'avait qu'une dizaine d'heures de cours, sur 32 à son programme hebdomadaire, et n'avait pas de prof de français, ni d'histoire, ni de maths, ni d'électricité (leur spécialité). Cette pénurie d'enseignants est la conséquence directe des 5 000 suppressions de postes dans l'Éducation nationale. De nombreux postes au concours sont soit réduits, soit carrément fermés : par exemple le concours de construction (dessin industriel) est fermé depuis deux ans déjà et cette discipline est déficitaire sur l'académie de Créteil. Il manque ainsi deux professeurs de construction à l'ENNA.

Le rectorat recrute des contractuels et des vacataires pour faire face au déficit et va jusqu'à solliciter des étudiants dans les IUT au travers de petites annonces pour combler les trous. Du coup, sur le lycée, on a vu arriver un jeune étudiant spécialisé en physique appliquée, à qui le rectorat demandait d'enseigner l'électricité alors qu'il débutait dans l'enseignement et qu'il ne connaît pas cette spécialité. Au bout de deux jours, il a démissionné, refusant de faire de la figuration. Partout, les rectorats font face en embauchant une main-d'oeuvre précaire : les contractuels ont des contrats à l'année et sont moins bien payés que les titulaires. Craignant de ne pas voir leur contrat se renouveler, ils acceptent souvent de travailler dans des conditions plus difficiles.

Ces emplois occupés par des contractuels coûtent moins cher et sont précaires. Tant pis si, dans les banlieues populaires, les élèves se retrouvent dès la rentrée avec des dizaines d'heures de cours en moins, avec des emplois du temps troués comme un gruyère, tant pis s'ils ont pour professeurs de jeunes étudiants qui n'ont reçu aucune formation sur la manière d'animer une classe sans se faire chahuter : les discours sur l'échec scolaire et l'autorité des professeurs sont des façades. Alors que les enseignants se bagarrent contre l'absentéisme, le gouvernement, lui, habitue déjà les élèves aux heures qui sautent.

Conscients de tout cela, les enseignants du lycée ont fait une journée de grève le vendredi 21 septembre et ont alerté les parents. Ils sont allés distribuer des tracts dans la rue pour expliquer la situation et ont décidé de se remettre en grève la semaine suivante si la totalité des postes n'étaient pas pourvus. Dès le samedi, le rectorat annonçait la nomination de deux professeurs. Mais il en manque encore. Et les enseignants ne veulent pas en rester là.

Partager