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Calyon : 250 millions partis en fumée
Calyon, la banque de financement et d'investissement du Crédit Agricole, a fait les gros titres des journaux avec l'annonce mardi 18 septembre d'une perte de 250 millions d'euros.
D'après un communiqué de la banque, un trader du bureau de New York aurait pris " une position de marché anormalement élevée " sur le marché des " indices du crédit ", en achetant bien plus que ce qu'il était autorisé à faire.
Les traders sont ces banquiers payés à prix d'or pour vendre et acheter en espérant engranger des bénéfices maximum en un minimum de temps, en un mot pour spéculer. Les plus performants, les fameux " golden boys ", touchent des primes énormes, deux millions d'euros par exemple fin 2006 à la Bourse de Londres.
Calyon cherche à rassurer ses clients en expliquant que cette perte n'a rien à voir avec l'actuelle crise des crédits immobiliers sur le marché des subprimes. Elle ajoute que " les dispositifs d'alerte et de sécurité ont été immédiatement renforcés afin d'éviter tout nouvel incident de ce type ".
En tout cas ce qui est sûr c'est que dans cet " incident " à 250 millions d'euros, ces dispositifs n'ont pas fonctionné. Pendant plus de deux semaines, fin août, le trader en question a pu échapper au prétendu contrôle de sa hiérarchie et du service du " contrôle des risques ", auquel il doit communiquer tous les jours le bilan de ses transactions. Mais sans doute le management est-il moins regardant lorsque les traders gagnent. " J'ai pris un risque et j'ai perdu. Si cela avait marché, j'aurais été une super star, un héros. Au lieu de cela, je suis un scélérat ", disait un autre golden boy, Nick Leeson, aujourd'hui en prison pour avoir entraîné la ruine de la banque Barrings en 1995. Et pour quelques krachs retentissants connus, combien d'affaires restent inconnues, secret bancaire oblige ?
La perte de 250 millions d'euros n'est bien sûr pas le résultat des erreurs d'un seul trader. La banque le reconnaît d'ailleurs, en licenciant à New York, outre le responsable, cinq autres banquiers et à Londres le responsable mondial des " dérivés de crédit ". C'est en fait une chaîne de responsabilités jusqu'aux plus hauts échelons de la hiérarchie, et au-delà le fonctionnement quotidien de tout le système capitaliste, qui sont en cause.
Ce système a pour seul but de faire le maximum de profit en spéculant sur toutes les places boursières du monde. Cette spéculation sans limite n'admet aucun contrôle, aucune régulation, quoi qu'en disent ses défenseurs, et peut entraîner le monde vers une crise dramatique. Raison de plus pour en finir avec cette société de spéculateurs et d'exploiteurs.