Explosion d'AZF du 21 septembre 2001 (Toulouse) : Six ans après, les sinistrés ne désarment pas26/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2043.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Explosion d'AZF du 21 septembre 2001 (Toulouse) : Six ans après, les sinistrés ne désarment pas

À l'occasion du 6e anniversaire de l'explosion de l'usine chimique AZF (filiale de Total) le 21 septembre 2001 qui avait soufflé des quartiers populaires de Toulouse en faisant 30 morts, des milliers de blessés et 50 000 sinistrés, les associations de défense des sinistrés se sont une nouvelle fois regroupées au " rond-point du 21 septembre ".

Près de 200 personnes ont participé au rassemblement et ont écouté les réquisitoires des porte-parole des différentes associations. Même s'ils n'avaient pas été invités, le maire (droite) de Toulouse, les présidents (PS) du Conseil général et du Conseil régional, députés et autres sénateurs étaient là également. Ils ont écouté stoïquement les mises en cause de la complicité des services de l'État et des collectivités locales avec Total. Celui-ci, grand responsable de cette catastrophe, était le grand absent de la cérémonie. Comme tous les ans, les représentants du groupe Total faisaient leur propre commémoration à deux pas de là, sur le site de l'usine, en compagnie de " syndicalistes " qui ne leur ont jamais ménagé leur soutien.

Au rassemblement, le représentant de l'ex-" collectif des sans-fenêtres ", qui s'était créé à la suite de la catastrophe est intervenu en faisant le constat suivant : " Les pouvoirs publics ont poussé de toutes leurs forces pour que se signent des accords amiables entre Total et chacun des sinistrés, qui devaient donc se battre individuellement contre Total. Ce sont les lois du marché, nous dit-on. Mais cela n'a fait qu'aggraver les inégalités entre riches et pauvres.

L'explosion, elle, a été parfaitement égalitaire. Elle n'a oublié personne. Tous, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, bac + 10 ou bac - 10, chacun a été frappé dès lors qu'il était dans le périmètre fatidique. Par contre les réparations physiques et morales, matérielles et psychologiques se sont faites au cas par cas, selon l'énergie, la disponibilité et la compétence de chacun pour se battre contre les professionnels, experts, avocats et assureurs que Total pouvait grassement payer. Et l'État a choisi de regarder ailleurs, et de "laisser faire la nature". La "nature", ce sont les lois du marché, celles qui créent par exemple aujourd'hui une crise sans précédent dans le domaine immobilier.

Seule une action résolue de l'État aurait pu compenser ces inégalités, et imposer un règlement égalitaire en dictant des règles applicables pour tous (...)

On nous a annoncé que le procès commencerait dans un an. Pourquoi attendre un an ? Il pourrait commencer aujourd'hui, puisque l'instruction est terminée ! (...)

On comprend bien l'intérêt de Total à repousser toujours plus loin le moment où il aura à s'expliquer. Il faut donc croire que Total sait dicter ses choix de date à la Chancellerie.

Nous avons tous été impressionnés par la qualité des conclusions que les experts ont déposées en mai 2006. Elles démontrent la complète responsabilité de l'industriel dans la catastrophe et sa criminelle inconscience. Pourtant aucune collectivité territoriale, ni la mairie de Toulouse, ni le Conseil général, ni le Conseil régional, ni l'État ne se sont portés partie civile dans l'instruction ouverte par la Chancellerie. Au contraire de ce qui a été fait pour les autres grandes catastrophes, comme celle de l'Erika ou du tunnel du mont Blanc.(...)

Il y a là une évidente connivence, et cela nous oblige à continuer la mobilisation, au moins jusqu'au procès. "

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