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- Lutte ouvrière n°1992
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Dans les entreprises
Metaleurop a braqué toute une région.
Un ancien ouvrier de l'usine Metaleurop à Noyelles-Godault dans le Pas-de-Calais, licencié en même temps que des centaines d'autres lors de la fermeture de l'usine en 2003, vient d'être condamné par la cour d'assises de Saint-Omer à huit ans de prison pour avoir braqué six agences bancaires et deux stations-service.
Les braquages, accomplis à visage découvert, près de son domicile, lui avaient rapporté 30000 euros au total, à partager avec son oncle, lui aussi chômeur. Pour l'avoir aidé, ce dernier vient d'être condamné à sept ans de prison. Pour ces deux hommes, qui se retrouvent en prison pour de longues années, cela ressemble davantage à une fuite en avant mêlée de désespoir plutôt qu'à un début de carrière de gangster.
Il se trouve qu'au même moment le conseil des prud'hommes de Lens a examiné la demande d'une indemnité de dommages et intérêts individuelle de 30000euros pour près de six cents anciens ouvriers de Metaleurop. Le jugement ayant été reporté le temps d'une éventuelle conciliation, les ouvriers ne savent donc pas s'ils pourront toucher un jour cet argent. C'est que le groupe Metaleurop continue de nier ses liens financiers avec sa filiale Metaleurop-Nord, qu'il a d'ailleurs liquidée après que celle-ci eut fermé l'usine du Pas-de-Calais. Plus de 800 travailleurs s'étaient alors retrouvés sur le carreau. Le site de l'usine, gorgé de rejets de plomb, de cadmium et de zinc, avait été abandonné en l'état, sans que Metaleurop paie pour sa décontamination, alors que d'après un rapport officiel la pollution des sols était «d'une ampleur singulière». Les tribunaux ont tranché en faveur du groupe, dont les actionnaires bénéficient aujourd'hui d'une hausse du cours des métaux à la Bourse.
Metaleurop a pourtant fait pire que des braquages: licenciements, maladies professionnelles, dégâts pour l'environnement. Entre 1996 et 2001, trente-six ouvriers avaient été déclarés atteints de saturnisme et cette maladie liée au plomb avait été identifiée chez 13% des jeunes enfants des communes avoisinantes et chez 10% des femmes en âge de procréer.
Les jugements intervenus dans cette affaire de braquage ne sont pas des erreurs judiciaires. Ils confirment que, si la justice n'est pas tendre à l'encontre d'ouvriers devenus des chômeurs à la dérive, elle protège les capitalistes.
Reste à souhaiter que les ouvriers ex-Metaleurop, restés regroupés, obtiennent l'indemnité qu'ils réclament, de même que les familles qui sont allées en justice pour le saturnisme de leurs enfants.