Italie du Sud : Des tomates rouge sang.04/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1992.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie du Sud : Des tomates rouge sang.

Le scandale de l'exploitation des travailleurs étrangers, en majorité polonais, dans les plantations de tomates du sud de l'Italie, a éclaté cet été.

Dans plusieurs plantations, des dizaines de travailleurs étaient quasiment réduits en esclavage. Dans l'une d'entre elles, à Orta Nova, des travailleurs ont raconté qu'ils dormaient dans une baraque sans eau ni électricité. Pour cela ils devaient payer cinq euros la nuit et trois euros pour dormir dans une tente, à même le sol. La nourriture, les bougies, tout leur était vendu. Pour être transportés dans les champs le matin, ils devaient payer un euro, vingt euros leur étaient défalqués pour chaque jour non travaillé. Se faire payer était hypothétique, en revanche les brutalités, les mesures d'intimidation, étaient monnaie courante. Le camp était surveillé par des gardiens patibulaires qui empêchaient toute évasion.

Quatorze morts suspectes de Polonais ont eu lieu dans cette région des environs de Foggia, ces deux dernières années. Et 119Polonais ont disparu en Italie depuis l'an 2000, dont plus de la moitié aux environs de Foggia.

Le circuit qui amenait les travailleurs polonais dans ces plantations de tomates commençait en Pologne. Des petites annonces, écrites sur internet, promettaient un emploi à cinq ou six euros de l'heure, nourri, logé. À l'arrivée du voyage en car, un minibus tournait pendant des heures la nuit, pour empêcher les nouveaux arrivants de se repérer, puis les déposait dans de vieilles baraques en pleine nature.

Les gardes appartenaient à la mafia polonaise. Les recruteurs, sur place, les «caporali», étaient en liaison avec la Camorra, la mafia napolitaine. C'est à ces «caporali» que les propriétaires d'exploitations agricoles confient l'organisation de la production. Depuis que les contrôles se sont intensifiés, beaucoup de contrôleurs n'ont rencontré que des Polonais «arrivés la veille». Il y aurait sans doute plus de 10000 clandestins travaillant ainsi dans les campagnes du sud de l'Italie.

Si ces travailleurs crèvent de misère, ils rapportent beaucoup à la mafia polonaise, à la mafia napolitaine et aux industriels de la tomate. En 2005, la Confiagricoltura, la Chambre d'agriculture italienne, se félicitait: «Les coûts de production du concentré de tomate italien sont paradoxalement inférieurs à ceux du produit chinois.»

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