- Accueil
- Lutte ouvrière n°1992
- PSA : Le patron écrase l’emploi et s’en vante.
Dans les entreprises
PSA : Le patron écrase l’emploi et s’en vante.
Les constructeurs automobiles pleurent misère. PSA, qui regroupe les marques Peugeot et Citroën, a ainsi annoncé une baisse de ses bénéfices de 60% au premier semestre. Il n'y a pas de quoi pleurer sur le sort des pauvres actionnaires, le bénéfice est tout de même de 303 millions d'euros. En fait, la raison de cette «baisse» tient pour l'essentiel aux provisions mises de côté par PSA pour financer la fermeture de l'usine de Ryton en Grande-Bretagne et les licenciements chez Faurecia, une filiale à 100% du groupe PSA.
En fait, PSA ne sait réellement pas quoi faire de son argent. En mai, le groupe a versé 317 millions d'euros de dividendes aux actionnaires au titre des bénéfices de 2005. Il a, de plus, décidé de racheter 1,1milliard d'actions en vue de les détruire. Ce qui permettra d'une part à la famille Peugeot, actionnaire majoritaire, de posséder une part plus grande du groupe et, d'autre part, d'augmenter le bénéfice par action, puisqu'il y aura moins d'actions en circulation.
Malgré tout, le groupe a lancé en fanfare un «plan d'action pour accroître l'efficacité», avec en particulier l'annonce de 10000 suppressions d'emplois dans les usines européennes du groupe. Outre la fermeture de Ryton, ce chiffre recouvre la perte de travail pour 5000 intérimaires et CDD en France, ainsi que le non-remplacement de 3000 départs en retraite. Cette annonce, faite en direction des actionnaires, a été saluée par une hausse immédiate du cours de l'action en Bourse.
En fait, les trois quarts de ces suppressions d'emplois ont déjà eu lieu. Ainsi, rien qu'à l'usine de Mulhouse, pas moins de 1230postes ont été supprimés depuis le début de l'année. À Sochaux, 900travailleurs précaires se sont retrouvés au chômage et une centaine d'autres doivent, d'ici la fin de l'année, venir grossir les rangs à l'ANPE.
Dans les usines du groupe, l'inquiétude est réelle depuis des mois, alimentée en particulier par la vague de licenciements dans les usines sous-traitantes de l'automobile. La direction du groupe s'est dite étonnée de l'émotion qu'a suscitée cette annonce, comme si la perte d'emploi pour des milliers de travailleurs était sans importance!
PSA ne compte pas produire moins de voitures. D'ailleurs son plan affirme tranquillement vouloir faire tourner les usines à 110% de leur capacité, c'est-à-dire accélérer les cadences avec comme conséquence de continuer à dégrader la santé des travailleurs. Car sur les chaînes de production, ce n'est pas seulement après 40 ou 50 ans que les articulations deviennent douloureuses, même les jeunes ont rapidement des problèmes articulaires tellement les gestes sont rapides, comptés au plus juste. L'augmentation des cadences a elle aussi été «délocalisée «. Ainsi, à l'usine slovaque de Trnava, la construction d'une nouvelle unité de production pour la 207 a été abandonnée, mais pas l'objectif de construire plus de voitures! Elles seront produites en «utilisant au maximum l'usine existante», affirme le groupe, c'est-à-dire en intensifiant les rythmes de travail.
Des milliers de travailleurs précaires au chômage, davantage de travail pour ceux qui restent, voilà comment PSA veut accroître ses profits. La direction joue sur la crainte pour l'emploi, bien utile pour faire accepter bas salaires et conditions de travail dégradées. Mais il n'est pas dit que cela marche éternellement, tellement il saute aux yeux que le groupe PSA, et la famille Peugeot qui est derrière, est riche à milliards.