La police s’en prend à un enfant.04/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1992.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La police s’en prend à un enfant.

Le 29 septembre, des policiers sont venus chercher dans une école maternelle de Pantin, en Seine-Saint-Denis, un enfant de 4 ans, né à Aubervilliers, pour l'expulser avec sa mère. Celle-ci, venue de Chine il y a six ans, venait d'être déboutée arbitrairement de sa demande de régularisation dans le cadre de la circulaire Sarkozy.

Madame Haijuan Chen avait été placée en garde à vue le mercredi 27 septembre. Résidant à Pantin, son fils, Paul Chen, était scolarisé depuis septembre 2005. Elle remplissait donc les critères de la circulaire du 13 juin 2006: ancienneté de séjour, enfant né en France et scolarisé depuis au moins un an. Mais, du fait des quotas mis en place par le ministre de l'Intérieur, la régularisation lui a été refusée fin juillet, à peine dix jours après sa convocation.

Ce n'est que le 28 septembre que les enseignants du groupe scolaire Jean-Lolive et des élus locaux, mobilisés pour connaître son sort, ont découvert qu'elle était en centre de rétention et qu'elle faisait l'objet d'un arrêté d'expulsion à la frontière émanant du préfet de Seine-Saint-Denis.

Toute la journée du vendredi 29, la police a cherché à localiser l'enfant, dans le but de l'expulser avec sa mère, en prétendant agir au nom de l'«inquiétude» des parents. Un mensonge et une hypocrisie, puisque le père, encore libre, s'occupait de son fils.

On voit aussi ce que valent les déclarations du préfet de Seine-Saint-Denis qui, quinze jours avant, avait assuré devant les représentants du Réseau éducation sans frontières et des élus locaux qu'«on n'ira pas chercher les enfants dans les écoles, ce n'est pas dans nos habitudes, nous ne l'avons jamais fait et on ne le fera pas».

La tentative policière a cependant échoué, grâce à la mobilisation des enseignants qui ont résisté aux pressions policières, mais aussi à celles de leur hiérarchie.

Lundi 2 octobre, un rassemblement de protestation a mobilisé tous ceux, enseignants, parents d'élèves, mais aussi voisins, qui s'opposent à cette politique envers les sans-papiers, qui une fois de plus s'en prend à des enfants, y compris tout jeunes. À ce rassemblement a été dénoncé le fait que, notamment à Aubervilliers, de nombreux Chinois sont victimes d'arrestations et de procédures d'éloignement de Seine-Saint-Denis. Sous prétexte de s'en prendre au travail clandestin, on s'attaque à des travailleurs qui, faute de papiers, doivent travailler dans des conditions scandaleuses, pour des patrons rarement mis en cause.

Le même jour, la mère de Paul était libérée par la cour d'appel de Paris, du fait des conditions anormales de son interpellation. Reste la menace de son expulsion. Le tribunal administratif a confirmé la décision de la préfecture. Il y a maintenant un recours, mais celui-ci n'est pas suspensif. Aussi, tous ceux qui sont indignés par cette décision inique entendent rester mobiliser pour que les Chen restent en France et soient régularisés.

Partager