Minimum vieillesse : Supprimé pour les retraités retournant au pays.04/10/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/10/une1992.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Minimum vieillesse : Supprimé pour les retraités retournant au pays.

Début juillet, le gouvernement a supprimé le minimum vieillesse aux travailleurs retraités qui retourneraient vivre dans leur pays.

Des centaines de milliers de travailleurs immigrés, recrutés par le patronat dans les années soixante et soixante-dix pour venir travailler en France, atteignent l'âge de 60 et 65 ans. Il y a parmi eux beaucoup d'ouvriers venus du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie) et d'Afrique (Mauritanie, Mali, Sénégal).

Après voir travaillé tout ou partie de leur vie dans des travaux pénibles et mal payés, beaucoup se retrouvent aujourd'hui avec des pensions de retraite misérables, inférieures au minimum vieillesse, qui est actuellement de 625 euros. En effet, s'ils n'ont pas leurs quarante années de cotisation, ils perdaient il y a peu 10% par année manquante. Or, quand on a été recruté à 30 ans, il est impossible d'avoir une retraite complète. De plus, leurs reconstitutions de carrière sont fréquemment incomplètes, faute de documents. Car ils ont souvent assuré divers métiers, allant de chantier en chantier, changeant d'employeurs, qui ne les déclaraient pas toujours.

Comme 900000 autres retraités ayant de très faibles retraites, à partir de 65 ans ces travailleurs immigrés peuvent demander à toucher le minimum vieillesse, composé de deux prestations sociales, la majoration de retraite (250euros) et l'allocation supplémentaire (359 euros), prestations qui complètent la pension de retraite jusqu'à hauteur de 625 euros par mois.

Jusqu'en juin dernier, la majoration de retraite était perçue y compris par les immigrés retournés dans leur pays, tandis que l'allocation supplémentaire était liée à une obligation de résidence en France.

Environ 90000 sont restés en France en raison de leurs faibles revenus et pour pouvoir bénéficier de la prise en charge par la Sécurité sociale (pour laquelle ils ont cotisé, comme tous les travailleurs) et des soins médicaux.

Un certain nombre d'entre eux font le voyage plusieurs fois par an entre leur chambre de foyer et leur famille au pays d'origine. Depuis 2005, les administrations renforcent les contrôles contre ces retraités itinérants, pour sanctionner ceux qui iraient plus de six mois par an à l'étranger ou utiliseraient des adresses de complaisance.

À Marseille, plusieurs milliers de retraités immigrés ont ainsi été radiés du droit à une partie de l'allocation minimum vieillesse et de leurs droits à l'assurance maladie. Pour insuffisance de résidence en France, ils ont été considérés comme domiciliés définitivement à l'étranger. Et ces contrôles se multiplient dans les foyers, les caravanes et les vieux logements.

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2006 a décidé qu'à partir du 30 juin 2006 les deux allocations du minimum vieillesse seraient regroupées sous l'appellation «allocation de solidarité aux personnes âgées» et que les nouveaux retraités partant à l'étranger n'y auraient plus droit, c'est-à-dire qu'ils perdraient ce que leur apportait la «majoration retraite».

Actuellement, environ 8000 retraités par an retournent habiter définitivement dans leur pays. L'État veut ainsi récupérer dix millions sur leur dos.

Les retraités ont pourtant bien gagné le droit de vivre et circuler là où ils le veulent, sans avoir à subir des amputations sur leurs maigres allocations.

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