Après Outreau : Des parlementaires qui se donnent le beau rôle16/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1959.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Après Outreau : Des parlementaires qui se donnent le beau rôle

L'audition du juge d'instruction Burgaud par une commission d'enquête parlementaire relayée par la télévision a permis à des millions de spectateurs d'assister à une scène totalement inhabituelle, au cours de laquelle un magistrat rendait compte d'une erreur judiciaire qu'il avait commise.

Principale cible de cette commission, il ne fut pas le seul à comparaître. On a insisté sur sa jeunesse et son inexpérience, mais on a pu aussi assister, entre autres, à la comparution du procureur Lesigne, vieux briscard des prétoires. Et si ce spectacle illustre quelque chose, c'est qu'on a affaire, non pas à un simple «dysfonctionnement» de la justice, mais à un exemple, seulement extrême, du fonctionnement de cette justice, prétendument rendue au nom du peuple, mais qui n'a que mépris pour ceux d'en-bas.

Dans ce face-à-face, les parlementaires jouaient les redresseurs de torts. Ils avaient le beau rôle face à Burgaud, qui incarnait un système inhumain.

Mais ces parlementaires qui votent les lois, et les juges chargés de les appliquer, sont au service d'un même ordre social, qui n'a que mépris pour les petites gens.

Lorsque les députés votent des textes facilitant les licenciements, la précarité, et qui étendent le travail de nuit aux femmes ou aux mineurs de 15 ans, se soucient-ils un seul instant des drames humains que cela peut occasionner? Traitent-ils mieux les chômeurs en les présentant comme des fraudeurs en puissance que les juges qui voient dans les pauvres des présumés coupables? Quand les uns et les autres, jeunes ou vieux, novices ou expérimentés, décident de serrer la vis à ceux qui ne sont pas de leur monde, ils le font avec assurance.

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