Depuis neuf mois qu'il était question de la conférence de presse du PDG de Renault, Carlos Ghosn, prévue jeudi 9 février, tout le monde chez Renault s'attendait à des annonces de fermetures d'usines, de licenciements comme il en a été l'artisan chez Nissan. Et puis non. Ghosn a joué une autre carte: celle du «sauveur» de l'entreprise!

Il faut dire que les affaires du groupe vont bien avec 3,367 milliards d'euros de bénéfices, en progression de 18% par rapport à 2004. Cela serait dû en grande partie à sa filiale Nissan. C'est, selon lui, en se référant à cet exemple que Ghosn a parlé d'un plan triennal ambitieux: créer 26 nouveaux modèles pour passer à 8 véhicules par an au lieu de 4, et produire 800000 véhicules en plus en quatre ans.

Pour réaliser ce plan, il n'y a pas de mystère, il n'a pas d'autre solution à proposer que faire travailler plus les ouvriers et tous les salariés de l'entreprise. Il promet le maintien de tous les sites à condition que les usines fonctionnent à 100% de leur capacité et tournent à 5000 heures par an. C'est donc une nouvelle augmentation des cadences et une intensification du travail en perspective, car l'embauche ne se fera que sur la base de trois embauches pour quatre départs. Par-dessus le marché, Ghosn a annoncé un plan d'économies chiffré à un milliard d'euros.

Et qui bénéficiera des fruits de cette surcharge de travail? Les actionnaires, bien entendu: leurs dividendes seront majorés de 33% alors que, pour l'année à venir, l'augmentation des salaires ne sera que de 1,6%, en baisse de 0,5% par rapport à 2005.

Le PDG a annoncé en tout cas une aggravation des conditions de travail et de vie des ouvriers dans toutes les usines en France et dans le monde ainsi que de tous les autres salariés. Il compte sur le fait que les travailleurs se sentiront soulagés qu'il n'annonce pas de licenciements ni de restructurations... mais leur annonce tout de même qu'ils devront produire beaucoup plus à moins nombreux!

Même si la direction a fait passer le message dans tous les secteurs de l'entreprise par des vidéos et des réunions d'explications, l'ambiance n'était pas à l'enthousiasme parmi les travailleurs.

Pendant qu'on annonce des dividendes en hausse aux actionnaires, on ne promet dans les usines que du travail supplémentaire. Parallèlement à la conférence de presse du PDG, au moins un millier d'ouvriers et d'employés des usines de Flins, Cléon, Rueil, Guyancourt et du siège social ont manifesté dans les rues de Boulogne aux cris de «Augmentez nos salaires, pas les actionnaires!» Les salaires, en effet, il serait temps d'y penser!