L'an passé, à elle seule, l'usine de la Française de Mécanique de Douvrin aurait presque pu équiper d'un moteur toutes les voitures vendues en France puisqu'elle a produit 1,8 million de moteurs, pour Renault, Ford et PSA.

La fermeture de la fonderie, engagée il y a trois ans, s'est terminée il y a quelques mois. Les 750 salariés qui y travaillaient ont été reclassés dans le reste de l'usine mais, malgré le démarrage de la production d'un nouveau moteur (en alliance avec BMW), l'effectif total a fondu d'environ 1000 personnes; beaucoup d'intérimaires ont été jetés à la rue et les départs à la retraite n'ont pas été remplacés.

De nombreux postes de travail sont modifiés sans cesse... en supprimant des gestes et des déplacements prétendument inutiles (méthode Kaizen ou Hoshin). Mais, au final, chaque fois, des postes sautent et chacun se retrouve avec du boulot en plus. Quand les modifications de certains postes les rendent particulièrement difficiles à tenir, ils sont d'abord occupés par des intérimaires... pour éviter les protestations.

Les postes «lourds» ont été en partie réaménagés, la direction se vantant d'améliorer les conditions de travail. Mais en fait, cela aboutit à faciliter la polyvalence, tout le monde pouvant tourner sur tous les postes.

Avec la flexibilité, la diminution de la durée des pauses, l'intensification des cadences, le travail devient forcément plus fatiguant, d'autant que la moyenne d'âge dépasse les 46 ans. Les postes dits «aménagés» sont peu nombreux et une partie de la maîtrise peut même se permettre de jouer sur leur attribution.

La direction a décidé de faire baisser encore le taux d'absentéisme, qui est pourtant déjà bien bas. En plus des médecins privés mandatés pour remettre en cause les arrêts de travail, les chefs et l'assistante sociale ont pour habitude de téléphoner ou même de passer voir les malades chez eux pour tenter de leur faire reprendre le boulot plus vite.

En cas d'arrêt maladie, jusque-là, comme dans la plupart des grosses entreprises, la direction payait le salaire et se faisait rembourser directement la part de la Sécurité sociale. Eh bien, dorénavant, le salarié devrait attendre pour toucher l'argent de la Sécurité sociale, qui arrive toujours avec un certain retard.

Les accidentés subissent d'ailleurs d'énormes pressions pour ne pas se déclarer, et on les fait venir à l'usine coûte que coûte, parfois en taxi.

Par ailleurs, les licenciements individuels se multiplient pour inaptitude.

Ces attaques incessantes alimentent un profond mécontentement. Mais comme partout les patrons jouent sur la peur du lendemain, parlent sans cesse des difficultés, de la concurrence dans l'automobile...

Nous, on remarque surtout les milliards de profits déclarés chaque année pour Renault et Peugeot, les deux maisons mères de la Française de Mécanique (4,4 milliards d'euros en 2005).