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Dans les entreprises
SNR (agglomération d’Annecy) : Ne pas les laisser faire
Dans les usines SNR Roulements, circulent des rumeurs de cession de l'entreprise, filiale de Renault à 100%, au groupe japonais NTN. La direction, questionnée, a commencé par nier puis affirmé qu'il y avait bien eu négociations, mais qu'elles étaient rompues! Pourtant, mi-janvier, un article du quotidien Les Échos indiquait que de telles négociations avaient bien lieu et même que des responsables de NTN se trouvaient en Haute-Savoie pour expertiser leur cible.
Ces rumeurs entraînaient de fortes inquiétudes parmi le personnel. La SNR, qui fabrique des roulements dans l'agglomération depuis 1916, et s'est fortement développée depuis 1947, passait pour une entreprise où l'on peut finir sa carrière. Aucun plan de licenciements n'y avait eu lieu, hormis des «préretraites FNE» dans les années 1980. Les travailleurs avaient du mal à se rendre compte que leur entreprise n'était pas à l'abri des manoeuvres des détenteurs de capitaux, dont ils pouvaient craindre qu'elles se fassent à leur détriment.
Bien sûr, rester dans le groupe Renault n'est pas une garantie en soi (on se souvient de Renault Vilvorde!). Mais ces craintes sont justifiées dans la mesure où, effectivement, les opérations de cessions de filiales par Renault qui ont déjà eu lieu se sont traduites par des remises en cause des emplois ou des statuts, pourtant loin d'être mirobolants, des travailleurs de ces filiales. L'exemple le plus récent est celui d'une fonderie de Vénissieux et de l'usine ponts de Saint-Priest, près de Lyon, passées de Renault Véhicules Industriels à Arvin Meritor, entreprise américaine. Leurs nouveaux patrons essaient d'imposer aux travailleurs une nouvelle convention d'entreprise, très en dessous de l'ancienne.
C'est pour répondre à ces inquiétudes que le syndicat CGT de l'entreprise organisait mercredi 1er février une réunion-débat à Annecy. Il y invitait les élus des cinq communes où se trouvent des usines SNR (dont trois sont dirigées par la droite et deux par la gauche), les autres syndicats, les partis politiques LO, PC, PS, UDF et UMP.
Dans sa présentation, suivie de celle de représentants de la CGT Renault, le secrétaire du syndicat CGT SNR rappela donc les épisodes récents et affirma que, pour son syndicat, rien ne justifie que Renault se débarrasse de SNR et le pays de sa seule entreprise de roulements, ni que les actionnaires décident du sort des travailleurs.
Au cours du débat, dont les représentants de droite étaient absents, le PC et le PS ne parlèrent pas en tant que tels, mais par la voix de leurs élus, qui affirmèrent leur solidarité avec les objectifs présentés par la CGT. Le représentant de Lutte Ouvrière, lui-même ouvrier à SNR, dénonça le mépris envers les travailleurs illustré par le caractère secret des discussions entre grands groupes capitalistes et affirma la nécessité d'abolir les secrets commercial et bancaire pour permettre un contrôle des travailleurs sur les entreprises. Il appela de ses voeux une lutte des travailleurs pour faire face aux éventuelles attaques qu'ils pourraient subir en cas de cession, et affirma que Renault avait les moyens de garantir aux travailleurs de SNR non seulement leur emploi mais aussi des salaires et des conditions de travail décentes, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Des représentants de la CGC et de FO de SNR étaient présents, mais seul celui de FO parla, pour regretter que l'initiative ne soit venue que de la CGT et... déplorer que l'on parle politique dans une telle réunion.
Les interventions de divers militants syndicaux montrèrent bien la détérioration des conditions de travail et de vie des salariés, dans un département qui voit une minorité vivre plus que confortablement. À SNR elle-même, les mini des quatre coefficients les plus bas sont inférieurs au smic et entre 300 et 400intérimaires sont employés en permanence, pour un effectif total de 3400salariés. Dans le département, des licenciements sont annoncés chez Salomon et des menaces de licenciements pèsent à Tefal, pour ne pas parler des entreprises plus petites (Dupont, Reboul, Novalis, Papeteries, etc. ).
Les travailleurs de SNR et de toute la région ont donc toutes les raisons de se préparer à inverser le rapport de force et imposer leurs revendications.