Sommet de la gauche : Le PS premier de cordée16/02/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/02/une1959.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet de la gauche : Le PS premier de cordée

Ce n'est même pas d'une souris, mais d'un souriceau en papier, qu'a accouché le «sommet de la gauche», pour sa première réunion tenue le 8février à la Mutualité à Paris. Il a décidé, en effet, «d'une mobilisation unitaire contre la politique de l'emploi et le CPE», «de la mise en place d'une structure ouverte pour riposter à la politique de la droite» et enfin de la création d'un «comité national» qui devrait «organiser des débats avec les citoyennes et les citoyens sous forme de rencontres publiques sur l'ensemble des propositions alternatives pour 2007».

Tout cela est suffisamment vague pour que l'ensemble des participants à cette réunion se soient déclarés très satisfaits de cette rencontre. François Hollande a déclaré que «la gauche rassemblée, c'est une bonne nouvelle pour la gauche, le pays et les Français». Mais si, pour lui, c'est évident, ça l'est beaucoup moins pour les travailleurs.

Le PCF se félicite d'avoir évité que l'on parle de programme de gouvernement, contrairement à ce que souhaitait le PS au départ: moins ces choses-là seront dites, plus on évitera les questions qui relèvent de la cuisine électorale. Enfin les Verts se flattent d'avoir réussi à faire accepter une clause de soutien à l'action des faucheurs de plants d'OGM...

Et pour montrer que cette gauche, qui ne veut plus s'appeler plurielle mais qui saura d'ici 2007 se trouver un nouveau label, n'a pas les deux pieds dans le même sabot, elle a vigoureusement décidé d'un tract, et d'un texte de pétition pour faire barrage au CPE.

Dans ces communiqués de victoire, il n'y a pas la moindre proposition qui puisse aider les travailleurs à faire front efficacement à l'offensive permanente de la droite. Une pétition, un comité national qui se réunira chaque mois, des débats auxquels sont conviés les citoyens. Il n'y a là rien qui soit de nature à contraindre la droite à remballer ses décisions antipopulaires.

En fait le principal souci des partis participant à ce sommet, et en particulier des principaux d'entre eux, le PS, le PCF et les Verts, n'est pas tant d'aider les travailleurs à riposter à la droite, que de s'engager dans un rituel de discussions qui mène à la prochaine présidentielle. L'issue en est probable. Ce sera vraisemblablement un alignement derrière le PS, quel que soit le candidat qu'il se choisira, et même quel que soit l'accord programmatique.

Car ces politiciens ont l'expérience de ces promesses électorales qui n'engagent que ceux qui y croient, mais jamais ceux qui les font. Mitterrand accepta de signer un programme commun avec le PCF en 1972 qui contenait des engagements allant bien plus loin que ce que les Hollande, Royal, Fabius, Strauss-Kahn osent aujourd'hui promettre, au travers de petites phrases. Les «101 propositions aux Français» étaient bien plus audacieuses que les «7 priorités pour commencer à changer la vie» du PCF. Et cela n'a pas empêché Mitterrand et les siens de pratiquer une politique au service de la bourgeoisie.

La contre-partie qu'espèrent en retour les partenaires du PS concerne les notables de ces partis, en terme de circonscriptions gagnables aux élections législatives qui suivront de près la présidentielle, et ensuite en postes de maire ou de conseillers municipaux lors des élections municipales de 2008.

Que l'on prenne ce problème par un bout ou par un autre, le PS reste le maître de ce jeu. Hollande aurait déclaré: «Je ne connais pas de meilleur moyen de battre la droite que de gagner les élections», et Marie-George Buffet lui a répondu: «Personne ne pense le contraire.»

Personne? Si, et c'est heureux. Il y a de militants et des travailleurs qui, parce qu'ils ont subi l'expérience d'espoirs électoraux déçus, comptent plus sur les luttes de leur classe pour mettre en échec la politique patronale dans sa version de droite actuelle ou dans son éventuelle future version de gauche que sur les tractations en vue de la présidentielle de 2007.

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