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- Lutte ouvrière n°1837
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Leur société
35 heures : Une loi qui profite surtout au patronat
Dans sa campagne contre les 35 heures, le gouvernement met en avant le coût de cette réforme pour les finances publiques. Le ministre du Budget Alain Lambert a récemment avancé le chiffre de 15 milliards d'euros par an.
Cet argument, largement repris par les médias, laisse entendre que ces dépenses seraient liées à la réduction du temps de travail et profiteraient essentiellement aux salariés. Rien n'est plus faux. En réalité, ces gens-là cherchent à occulter le fait que le surcoût pour le budget de l'État est constitué principalement par les exonérations de charges sociales consenties au patronat lors de la mise en place de la loi Aubry. Prétextant le relèvement du Smic lié aux 35 heures, l'actuel gouvernement a d'ailleurs accru ce dispositif, portant à 19 milliards d'euros le coût global de ces cadeaux au patronat pour 2004.
C'est ainsi une somme considérable qui est chaque année détournée du budget de l'État. Pour un même montant, le gouvernement pourrait créer directement plus de 650000 emplois rémunérés sur la base de 1500 euros par mois!
Et les patrons ne sont pas seulement bénéficiaires grâce aux allégements de charges qu'ils ont obtenus. Car si certaines catégories de travailleurs y ont gagné des jours de congé supplémentaires, l'application de la loi Aubry s'est surtout traduite par une aggravation des conditions de travail, avec un nouveau calcul des temps de travail conduisant à une diminution des temps de pause, une plus grande flexibilité des horaires, la banalisation du travail le samedi, et le non-paiement en heures supplémentaires de la plupart des dépassements d'horaire.
Le Medef se garde d'ailleurs bien de réclamer l'abrogation de cette loi, et encore moins des subventions qui vont avec. Il se contente de revendiquer des aménagements et plus de souplesse dans l'application de la loi, afin de soumettre encore plus les salariés aux aléas de la production, en les payant le moins possible.
Quant aux gouvernements qui se sont succédé depuis la mise en place de la loi Aubry, ils n'ont pas agi différemment avec les salariés qui relevaient de leur compétence. Dans les services publics comme les hôpitaux, l'enseignement ou les transports, aucune embauche n'est venue compenser la réduction du temps de travail, ce qui a entraîné une détérioration des conditions de travail pour les salariés et des services rendus aux usagers.