Budget logement 2004 : Encore une attaque contre les plus démunis16/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget logement 2004 : Encore une attaque contre les plus démunis

"Le logement devrait être considéré comme une cause nationale, le logement social comme une priorité" ont déclaré plusieurs syndicats et associations dans un communiqué transmis aux parlementaires, mercredi 8 octobre, pour protester contre le budget prévu en 2004.

A juste titre, car la situation est catastrophique. Le budget réservé au logement, loin de permettre de rattraper les retards accumulés, va les aggraver: il est globalement en recul de 7% par rapport à 2003. Tout est revu à la baisse: la production de logements, la réhabilitation de ceux qui existent, les aides à l'accès et au maintien dans le logement. Faute de moyens, la situation ne peut qu'empirer alors que de plus en plus de familles aux revenus modestes sont contraintes d'habiter dans des logements insalubres, dans des taudis, quand elles ne sont pas en situation d'errance urbaine, passant de centre d'hébergement en hôtel ou à l'accueil chez des amis! Nul doute qu'on verra cet hiver encore des cortèges de sans-abri se réfugier la nuit dans les bouches de métro pour échapper au gel et à la mort!

On mesure toute l'hypocrisie du ministre de l'Equipement et du Logement, Gilles de Robien, qui, à la fin août, avait déploré les "interminables files d'attente des 1,3 million de demandeurs d'HLM, la persistance du logement indigne, les hausses inconsidérées de loyers à Paris et dans plusieurs zones tendues". Et celle de Raffarin, sur M6, qui déclarait de son côté vouloir mettre "le paquet" sur la question du logement. Des mots!

Aux discours creux se sont ajoutés les mensonges. Ainsi, le même de Robien prétend que l'année prochaine 80000 logements sociaux seront construits, ce qui est faux; il s'agira plutôt de la moitié. Car dans le chiffre de 80000, le ministre inclut 20000 logements qui seront démolis puis reconstruits; ce ne seront donc pas de nouvelles constructions. Il compte également près de 15000 logements pour lesquels les plafonds de ressources sont supérieurs de 130% à 150% aux plafonds HLM et qui ne font pas véritablement partie des logements sociaux.

Et de toute façon, ces chiffres sont loin de répondre aux demandes urgentes de tous ceux qui cherchent à se loger et qui disposent de faibles revenus, notamment en Ile-de-France où les loyers sont exorbitants. Le moindre petit studio ne se loue pas au-dessous de 500 ou 600 euros et encore faut-il en trouver un disponible. C'est le même problème pour le logement HLM qui coûte en moyenne 20% plus cher à Paris que dans une grande agglomération de province et les délais d'attente pour l'obtenir durent souvent des années. La pénurie de logements et la cherté des loyers contribuent à repousser toujours plus loin des villes, là où le terrain est moins cher, les travailleurs qui se trouvent alors confrontés à de pénibles et coûteux problèmes de transports.

Selon différentes estimations, probablement en-deçà des réels besoins, il faudrait produire, pour commencer à inverser la tendance, de 90000 à 120000 HLM, sur un total de 320000 à 350000 logements annuels. Au lieu de cela, depuis les sept dernières années, la production moyenne de logements est inférieure à 305000 logements, avec seulement 50000 HLM. Cela fait des années que les différents gouvernements, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne prennent aucune mesure sérieuse permettant de faire face à la pénurie de logements!

Aujourd'hui où l'État veut faire des économies, il entend soutenir de moins en moins les secteurs publics et aidés comme les HLM. De plus, les aides personnelles, dont bénéficient près de quatorze millions de personnes, vont être réduites de 4%. Le ministre du Logement peut toujours proclamer son intention de faciliter l'accession à la propriété des ménages les plus modestes en Ile-de-France et promettre à 5000 locataires en HLM des mesures fiscales incitatives pour devenir propriétaires, c'est ridicule et dérisoire!

En réalité, dans le domaine du logement comme dans tout ce qui se vend, s'échange, se loue, on se désintéresse de tout ce qui n'est pas rentable. C'est la règle en système capitaliste et c'est pourquoi il est urgent de renverser ce système pour faire la place à une société où prévaudra la satisfaction des besoins de tous, à commencer par ce besoin élémentaire d'avoir un toit digne de ce nom.

Et dans l'immédiat, que pourrait-on faire? D'après l'association Droit au Logement, il y a aujourd'hui plus de 135000 logements vacants à Paris et deux millions de logements vides en France. Il y aurait un moyen simple et rapide de mettre fin à la situation des sans-logis en réquisitionnant sans délai les logements vacants habitables!

Partager