Les chômeurs n'ont pas choisi d'être licenciés!16/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les chômeurs n'ont pas choisi d'être licenciés!

"Je ne fais pas mien le jugement d'une France paresseuse", affirme Fillon, le ministre des Affaires sociales, dans un entretien au journal Le Monde du 14 octobre 2003. Mais ses autres déclarations contredisent ces propos et renforcent la propagande gouvernementale contre les 35 heures et plus généralement les salariés accusés de mettre l'économie en péril.

Fillon prétend se faire le porte-parole de "ceux qui travaillent beaucoup et ont des revenus modestes" et qui "ne comprennent pas" que l'on paie des gens à ne rien faire. Il ne parle bien évidemment pas des rentiers ni des boursicoteurs qui s'enrichissent en laissant leur argent "travailler" à leur place, ni des oisifs qui ne font d'autres efforts que de récupérer les dividendes de leurs actions. Non, Fillon s'en prend aux chômeurs qui se complairaient dans leur sort et ne feraient rien pour reprendre une activité: "Il ne s'agit ni de stigmatiser les chômeurs comme étant tous paresseux -ah bon, il y aurait, selon le ministre, des chômeurs qui ne seraient pas paresseux!- ni de les considérer toujours comme de simples victimes (...). Certains se sont installés dans l'assistance, inconsciemment souvent, consciemment parfois". Comme si, au moment de licencier les travailleurs de leur entreprise, on leur avait demandé leur avis et laissé le choix entre partir ou rester au travail! Comme si, après les avoir mis de force au chômage, les patrons leur avaient proposé ensuite des dizaines d'emplois qu'ils auraient refusés -alors que des régions entières sont sinistrées à la suite de plans de licenciements massifs!

Les travailleurs licenciés n'ont jamais demandé à "s'installer dans l'assistance", comme Fillon le prétend. Laisser entendre que les chômeurs sont dans leur ensemble des paresseux responsables de leur situation, c'est oublier les vrais responsables, les patrons qui les privent de travail et qui, eux, bénéficient de la situation, ne serait-ce que par la pression que le chômage exerce pour imposer de bas salaires aux travailleurs encore en activité.

Le discours de Fillon et de ses compères encourage le patronat à licencier comme il l'entend, en même temps qu'il flatte les préjugés antiouvriers de l'électorat réactionnaire.

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