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Nos lecteurs nous écrivent : La mise en cause d'une institutrice
Mardi 7 octobre, Astrid Gauthier, professeur des écoles, comparaissait devant la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Paris pour homicide involontaire par défaut de surveillance.
Arrivée à l'école élémentaire Pommard, dans le 17earrondissement de Paris, au cours de l'année scolaire 2000-2001, cette jeune enseignante s'est vu confier une classe de CM2. Son travail consistant à préparer les enfants à leur future entrée au collège, elle devait leur apprendre à travailler en autonomie (à organiser et construire des travaux en petits groupes tels que des exposés). Tel était le cas le jour du drame: cinq de ses élèves avaient demandé à l'institutrice à rester en classe sur le temps de récréation afin de finir un exposé. Elle avait accepté, leur rappelant les règles de sécurité, avant de descendre avec ses 21 autres élèves jusqu'à la cour de récréation trois étages plus bas. Les cinq enfants devaient rejoindre à la fin de la récréation le cours d'activités physiques et sportives donné par la maîtresse en l'absence ce jour-là du professeur habituel. C'est dans ces circonstances qu'un des cinq enfants, un petit garçon de 10 ans, a glissé à califourchon sur la rambarde d'escalier puis, déséquilibré, a fait une chute dont les suites se sont révélées mortelles quelques jours plus tard.
A la suite de l'accident, les parents de la victime ont porté plainte contre X, afin que les responsabilités soient identifiées. Les parents n'ont pas accusé l'institutrice mais le manque de sécurité dans l'escalier de cette école. Seulement la mairie, responsable des locaux scolaires du premier degré, s'est défaussée de la responsabilité, arguant que la commission de sécurité et d'architecture avait, quelques mois plus tôt, déclaré les locaux aptes à accueillir des élèves en toute sécurité. En effet, la rambarde était à 1,32m de hauteur, soit 2cm au-dessus de la norme. Or, ce qui est reproché à l'institutrice est de ne pas avoir pressenti le danger de cette cage d'escalier. Quelques semaines après l'accident, la mairie a entrepris les travaux de sécurisation de l'escalier en faisant mettre des protections jusqu'à 1,80m de hauteur. Dans ce même établissement deux autres escaliers du même genre, eux, n'ont pas été sécurisés depuis l'accident...
A Paris, il existe encore 80 écoles dites "Jules Ferry", possédant des escaliers du même type qu'à l'école Pommard, qui ne sont pas sécurisés. Va-t-on attendre d'autres accidents?
L'enseignante a fini son année scolaire dans une autre école après avoir été déplacée par sa hiérarchie. L'année suivante elle a obtenu un poste dans une troisième école lors du mouvement du personnel. Elle a donc enseigné jusqu'au 4 mars 2001, date à laquelle elle a été mise en examen. L'Éducation nationale a alors décrété qu'elle était devenue d'un seul coup dangereuse pour ses élèves, et a décidé de la suspendre.
Lors du procès, la défense de cette institutrice a fait témoigner huit personnes, personnels de l'enseignement actifs ou retraités, et parent d'élève élu. Tous ont mis en évidence la non-responsabilité de l'institutrice par rapport aux locaux, le problème de manque de personnel dans les écoles, aussi bien de surveillance que d'enseignement. Tout enseignant aimerait faire son métier en toute sécurité pour les élèves. Mais doit-on interdire aux enfants de se déplacer sans adulte pour aller chercher une paire de lunettes oubliée dans la poche du manteau resté dans le couloir ou pour se rendre aux toilettes? L'enseignant chargé d'un nombre élevé d'élèves ne peut pas avoir constamment les yeux posés sur chacun d'eux! Il fait tout ce qui est possible pour concilier un enseignement de qualité et le bien-être des enfants dont il a la charge, malgré l'état de certains locaux dans lesquels il exerce, et malgré le manque de personnel évident dénoncé d'une façon récurrente par l'ensemble des personnels de l'Éducation nationale, lors des derniers mouvements comme depuis bien longtemps!