Prolongation des centrales nucléaires, nouveaux réacteurs : La population n'a aucun contrôle16/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prolongation des centrales nucléaires, nouveaux réacteurs : La population n'a aucun contrôle

EDF a décidé de prolonger de dix ans l'exploitation des centrales nucléaires, conçues à l'origine pour durer trente ans, sans même attendre l'accord de l'organisme chargé de la sûreté nucléaire! Les centrales iront donc, tant bien que mal, jusqu'à 40 ans. Mais ensuite, va-t-on continuer ou bien "sortir du nucléaire" comme le réclament les écologistes?

L'ouverture d'un débat est prévue dans quelques semaines. Raffarin vient d'annoncer un Livre blanc sur l'ensemble de la politique énergétique et ses évolutions à venir. Mais il ne faut pas se leurrer, le débat ce sera pour la galerie, la décision est déjà prise depuis longtemps au niveau du gouvernement, du patronat concerné et d'EDF: pour eux ce sera la continuation du nucléaire.

La ministre déléguée à l'Industrie, Nicole Fontaine, a déjà annoncé, le 8 octobre, qu'elle comptait proposer de choisir le nouveau modèle de réacteur mis au point par Framatome et Siemens, l'EPR (European pressurized reactor). Il y a quelques années déjà, lorsqu'il était ministre de l'Industrie du gouvernement Jospin, Christian Pierret s'était prononcé dans le même sens. Et selon le Commissariat à l'énergie atomique, l'EPR serait "inévitable".

Il devrait donc remplacer les réacteurs actuels au fur et à mesure qu'ils seront atteints par la limite d'âge (c'est en 2017 que la plus ancienne centrale nucléaire, celle de Fessenheim, aura 40 ans).

Le réacteur EPR est présenté par ses défenseurs comme plus performant, plus sûr et produisant moins de déchets que les précédents. Ses adversaires écologistes prétendent que la technologie de l'EPR n'est qu'une version améliorée des réacteurs actuels et qu'elle ne vaut donc guère mieux.

En outre bien des scientifiques affirment qu'il existe une technologie concurrente supérieure mais qui est... américaine. Seulement les dirigeants français préférent défendre leur filière française et européenne et les entreprises qui lui seront associées.

Dans toute cette affaire, le gouvernement et EDF font des choix qui engagent l'avenir. Ils affirment naturellement qu'ils font les meilleurs, d'un point de vue technique comme d'un point de vue financier. Mais peut-on vraiment leur faire confiance, quand on sait combien, dans les décisions gouvernementales, peuvent jouer les différents groupes de pression, les intérêts financiers des grands groupes capitalistes et les impératifs de budget? Or sur ce type de décision, comme sur bien d'autres, la population n'a strictement aucun contrôle. Quels sont les risques de la prolongation de dix ans des centrales? En quoi l'EPR ou d'autres réacteurs sont-ils préférables? Ce sont les dirigeants qui décident, comme ils ont décidé il y a quelques décennies de construire des centrales nucléaires en France, sans demander l'avis de la population, sans la mettre au courant des problèmes, voire en les cachant.

Or à ces dirigeants qui agissent avec tant de légèreté dans une multitude de domaines où ils sacrifient la sécurité et l'environnement (hôpitaux, sites industriels dangereux, marées noires, etc.) quelle confiance peut-on leur faire? Aucune!

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