STMicroelectronics Crolles (Isère) : Buffet breton pour renforcer la solidarité16/10/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/10/une1837.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

STMicroelectronics Crolles (Isère) : Buffet breton pour renforcer la solidarité

Mobilisés depuis l'annonce, le 22 août, de la fermeture de l'usine de Rennes de STMicroelectronics (600 salariés), 80 d'entre eux ont traversé le pays vendredi 10 octobre pour manifester devant l'usine de Crolles, près de Grenoble, prétendu fleuron technologique du groupe en France.

Pour accueillir nos collègues accompagnés de deux délégués syndicaux de l'usine de Tours, ainsi que de 40 travailleurs venus de Rousset près de Marseille, une manifestation "festive" a été organisée devant l'usine de Crolles.

Tôt le matin, le 10 octobre, les militants syndicaux de Grenoble et de Crolles ont diffusé des tracts au personnel en équipe et au personnel à la journée. La direction, toujours prompte à se méfier des réactions des travailleurs, avait placardé sur ses panneaux d'affichage une mise en garde pour les travailleurs venant travailler le vendredi: le site de Crolles allait être pris en otage, il fallait venir plus tôt au travail, un numéro de téléphone était même à leur disposition pour de plus amples informations, et ils pouvaient l'utiliser s'ils se retrouvaient bloqués par les grévistes.

Entre-temps, nos camarades de Rennes, après la nuit passée dans des cars, étaient arrivés.

C'est une véritable partie de cache-cache qui s'est jouée alors, entre les diffuseurs et les vigiles fermant tour à tour les quatre portes d'accès au site. Les vigiles avouaient se fatiguer à ce petit jeu, mais nous, nous nous sommes bien amusés. Des pneus étaient entassés devant le portail de l'usine. Fumigènes, feux d'artifice et autres pétards fusaient de temps en temps. L'ambiance était du côté des grévistes, la direction et son encadrement faisant plutôt grise mine de l'autre côté de l'entrée.

La bêtise l'a disputé au ridicule quand, dans la matinée, la direction refusa l'accès au site de Crolles à un délégué du site de Rousset. Elle voulut fermer les grilles, une bousculade s'en suivit entre les salariés les plus proches et la direction, flanquée d'un représentant de la préfecture et de la gendarmerie mobilisée pour l'occasion, tout cela sous les yeux amusés des grévistes massés à l'entrée. Finalement, le délégué eut gain de cause et put normalement pénétrer sur le site...

Pendant la journée, on a pu voir aussi deux motards de la gendarmerie patrouiller en moto tout terrain dans le parking de l'usine le long du grillage. Probablement la direction redoutait-elle une attaque des grévistes armés de coquilles d'huîtres!

Toujours est-il que, midi approchant, le buffet fut mis en place: galettes, saucisses, huîtres et far breton étaient au menu, offerts par les Rennais. Un moyen convivial de se restaurer et de discuter ensemble en attendant les prises de parole des délégués des différents sites. Nous étions à ce moment-là un peu plus de 300. Des représentants de chacun des sites ont pu prendre la parole. Le site de Rennes est rentable, il peut être reconverti dans d'autres technologies si c'est nécessaire, et les salariés sont motivés pour se battre, ont proclamé ceux de Rennes. D'autres ont rappelé que si aujourd'hui, c'était Rennes qui était menacé de licenciements, les usines de Crolles, de Rousset ou de Tours pouvaient l'être aussi un jour. Un camarade de Thomson, venu de Rennes, expliqua aussi que les récentes manifestations communes ST-Philips-Thomson à Rennes ont rassemblé de nombreux travailleurs, que les licenciements concernaient tout le monde du travail et qu'il nous faudra donc nous battre tous ensemble contre les patrons qui licencient.

Les travailleurs des quatre sites présents étaient satisfaits de la journée, heureux d'avoir participé à une action commune; ils étaient convaincus qu'il ne fallait pas en rester là, et ceux de Rennes promirent des surprises pour les semaines à venir.

La direction n'est pas si tranquille que ça. A nous de lui montrer que nous pouvons lui occasionner bien plus que quelques inquiétudes.

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