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Dans les entreprises
Renault : la berceuse du PDG
« Renault est sauvé », un « avenir apaisé », « sur des rails », une « belle annonce », une « bonne nouvelle en train de se faire », une « usine fantastique », des marques « magnifiques », « on est très heureux » et, plus concrètement, 23 milliards investis sur cinq ans, telle serait la situation rose bonbon du constructeur automobile, à entendre son président Jean-Dominique Senard.
Invité le 28 janvier sur l’antenne de France Inter, le président de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi adoptait un ton guilleret pour commenter la stratégie commune de Renault et des deux autres membres de l’alliance, basée sur la propulsion électrique et ce qu’ils appellent la mobilité connectée. La valeur de l’action a alors grimpé, mais satisfaire les spéculateurs est une chose, rassurer les travailleurs du groupe en est une autre.
Derrière les « bonnes nouvelles », comme le petit SUV électrique qui devrait être fabriqué à l’usine de Dieppe ou le « fleuron de l’économie circulaire » que devrait devenir celle de Flins, c’est une opération somnifère que les dirigeants de Renault mènent à destination des dizaines de milliers de travailleurs des ateliers, des bureaux d’études et de l’ingénierie. Aux 275 000 emplois qui seraient menacés en Europe par le passage des constructeurs à l’électrique, Senard ne sait qu’opposer d’hypothétiques emplois. Ils sont censés être créés par la fabrication à grande échelle de véhicules électriques et connectés, ou par le recyclage de voitures d’occasion, sans qu’il s’agisse d’ailleurs d’embauches. En attendant, les dirigeants du groupe ont clairement prévu la suppression de 6 300 emplois sur les sites français, dont 3 700 dans l’ingénierie et les bureaux, et cela sans compter les emplois supprimés en cascade chez les sous-traitants.
Une seule chose est sûre, concernant l’usine de Flins, bombardée « vaisseau amiral » de la stratégie recyclage du directeur général de Meo, la production de la Micra y cessera en 2023 et celle de la Zoe électrique en 2024. Au-delà ne resteront, paraît-il, que des activités baptisées Re-factory et peut-être 1 300 salariés, si l’on en croit la direction du site.
Bien sûr, Renault continuera de produire des voitures, électriques ou autres. Mais tous les travailleurs du groupe, intérimaires ou embauchés, sont en revanche bien moins certains de conserver leur emploi. Sans se fier aux discours lénifiants des dirigeants, les travailleurs des sites industriels, des centres de recherche, des fonderies et de l’ensemble de la filière automobile devront imposer que le travail soit réparti entre tous, sans diminution de salaire et en conservant tous les emplois.