Autoroutes : pavées d’or02/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Autoroutes : pavées d’or

Pour les millions d’usagers des autoroutes, l’augmentation des tarifs de 2 % en moyenne vient s’ajouter depuis le 1er février à celle des carburants.

Certains opérateurs, comme Vinci qui exploite avec 9 000 kilomètres le plus long réseau, affectent de faire un geste envers les utilisateurs quotidiens en bloquant le tarif du péage sur des trajets courts, inférieurs à 30 ou 50 kilomètres. Cette « générosité » se paye bien entendu sur les trajets plus longs, et ce avec l’aval des pouvoirs publics qui ont accepté, en 2015, de compenser un gel ponctuel des tarifs obtenu par la ministre Ségolène Royal par une augmentation additionnelle annuelle de 2019 à 2023.

Libres de fixer des tarifs exorbitants, les sociétés concessionnaires (SCA) proposent même aux plus pressés des trajets urbains, même courts, à péages modulables en fonction de l’heure. C’est le cas par exemple du tronçon Duplex du super-périphérique parisien A86 ouest où l’automobiliste peut se voir facturer plus de 12 euros pour parcourir 4,5 km entre Rueil-Malmaison et Vaucresson à certaines heures de pointe de la semaine, ou de l’autoroute A14 à l’ouest de Paris, où il faut désormais débourser 9,10 euros pour parcourir 21 km le matin ou en fin d’après-midi.

Privatisées en 2006 par le gouvernement de Villepin, en échange de 15 milliards d’euros, les autoroutes rapportent depuis, régulièrement, aux actionnaires des 23 sociétés concessionnaires (SCA) des dividendes magiques découlant de marges bénéficiaires de 20 à 24 %. Entre 2006 et 2019, les profits des SCA se sont montés au total à 33 milliards d’euros. Amortis de longue date, la construction, l’aménagement et même l’entretien des autoroutes justifieraient pleinement leur usage totalement gratuit. Mais, même si un peu plus d’un tiers des péages sont reversés à l’État, les Vinci, Eiffage et autres Abertis ne sont pas près de renoncer à ces contrats royaux, à plusieurs reprises prolongés sous prétexte de travaux à réaliser, qui courent encore jusqu’en 2031 voire 2036.

Comme ce ne sont pas les salaires des 12 000 employés des SCA qui rognent les bénéfices, les travailleurs, usagers comme salariés, sauront dans quels coffres chercher quand, dans la suite de la légitime colère des gilets jaunes de l’automne 2018, ils exigeront l’expropriation pure et simple de ces capitalistes.

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