Medef : le patronat dicte ses exigences02/02/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/02/P6-1_Ils_volent_Medef_OK_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Medef : le patronat dicte ses exigences

Dans cette période électorale, les représentants du patronat entendent rappeler leurs revendications à tous ceux qui postulent à la présidence. L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), première fédération industrielle française, vient ainsi de rendre publiques quinze propositions qui, sans surprise, constituent un véritable programme de combat contre les travailleurs.

Illustration - le patronat dicte ses exigences

Selon Éric Trappier, président de l’UIMM et PDG de Dassault Aviation, s’exprimant dans le Journal du dimanche du 30 janvier, « la solidarité ne devrait pas être supportée par les entreprises. » Son programme est chiffré : les cotisations doivent être diminuées de 17 milliards d’euros, les impôts de production de 35 milliards… En résumé, tout ce qui diminue le profit patronal doit être réduit ou disparaître.

La semaine précédente, lundi 24 janvier, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait lui aussi présenté ses « propositions » pour le prochain quinquennat. Aux arguments traditionnels sur la « compétitivité internationale » et la « souveraineté économique », il a ajouté celui de la « transition écologique » qui demandera, selon lui, des investissements « colossaux », entendez par là qu’il faudra plus de cadeaux, de subventions, d’exonérations fiscales pour les entreprises.

Roux de Bézieux a critiqué la dépense publique « excessive », en particulier dans le domaine de l’enseignement et de la santé. Dans cette période d’épidémie où le manque de moyens dans les hôpitaux, les Ehpad et les écoles a eu des conséquences catastrophiques, il fallait oser ! Mais quand il s’agit des entreprises, le représentant patronal est moins regardant sur la dépense : il n’est pas question de toucher aux milliards du crédit impôt recherche ni à ceux du crédit d’impôt innovation. Selon le Medef, il faudrait en plus exonérer à 95 % la fiscalité sur l’héritage des entreprises de taille intermédiaire, développer les délégations de services publics, ces contrats où l’investissement est à la charge de la collectivité et où les bénéfices sont réservés aux actionnaires…

Le patronat entend aussi aggraver l’exploitation des travailleurs. Il veut que soit poursuivie la « réforme » de l’assurance chômage : l’indemnisation des chômeurs reste selon lui encore trop élevée et empêcherait des patrons de recruter avec des salaires de misère. Il veut alléger le prétendu coût du travail en transformant les cotisations en prélèvements fiscaux, TVA ou CSG, payés essentiellement par les travailleurs. Et si le Medef ne propose pas d’abroger la loi sur les 35 heures, déjà assez souple à son goût puisqu’il note que le temps de travail est en réalité de 40,4 heures en moyenne, il trouve que les salariés ont trop de congés et qu’ils devraient travailler 100 heures – quatorze jours – de plus dans l’année. Il veut aussi faciliter le recours aux forfaits jour, sans limite d’horaire dans la journée, augmenter l’âge de départ à la retraite à 65 ans et le nombre d’annuités exigées à 44, contre 42 aujourd’hui, supprimer les régimes spéciaux et financer les dépenses supplémentaires liées au vieillissement de la population par la hausse de la TVA et de la CSG.

Le plan de combat du Medef n’est pas une surprise. Il s’inscrit dans la continuité de la politique effectivement menée par tous les gouvernements ces quarante dernières années, quelle que soit leur étiquette politique. En même temps qu’un plan de combat patronal, il se présente comme une feuille de route destinée au prochain gouvernement. Quel que soit le vainqueur et les promesses qu’il aura pu faire pendant sa campagne, c’est ce programme que le Medef lui demandera d’appliquer.

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