Chili : se fier au gouvernement de gauche ?02/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2792.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chili : se fier au gouvernement de gauche ?

Le président Gabriel Boric, élu en décembre dernier au Chili à la tête d’une coalition de gauche dite radicale, a présenté le 21 janvier la composition de son gouvernement.

Si les femmes y sont majoritaires et à des postes importants, le radicalisme n’est pas vraiment à l’ordre du jour.

Le plus emblématique de ces ministres est Mario Marcel qui présidait depuis 2016 la Banque centrale. Lié au Parti socialiste, depuis 1990 il a occupé plusieurs fois des responsabilités dans les gouvernements de centre-gauche. À la Banque centrale, il a noué des liens avec le patronat chilien ainsi qu’avec les multinationales choyées par le précédent gouvernement. Dans ces fonctions il a été un défenseur de l’orthodoxie capitaliste, souvent dénoncé pour les mesures qu’il a pu prendre contre les classes populaires qui faisaient dire au Parti communiste que la Banque centrale était « un fléau ». Ce qui n’empêche pas le PC de cohabiter désormais avec lui dans ce gouvernement.

Avec la nomination de Mario Marcel, Boric voudrait calmer tous ceux qui, à droite et dans les milieux d’affaires, s’inquiétaient de sa longue liste de promesses électorales. Ce gouvernement comptera un homme qui saura tenir serrés les cordons de la bourse. Le message ainsi adressé au Parlement, qui est opposé à Boric, devrait aider à obtenir l’appui de l’aile modérée de la droite.

Plusieurs femmes héritent de ministères importants, l’Intérieur, la Défense, les Affaires étrangères. Maria Begoña Yaeza Saez, chirurgienne et ex-directrice d’hôpital, se retrouve naturellement à la Santé, une autre femme médecin, Izkla Siches, très connue et reconnue pour avoir interpellé avec force le précédent président sur sa mauvaise gestion de la pandémie, obtient le portefeuille de l’Intérieur. Camilla ­Vallejo, du Parti communiste, devient la porte-parole du gouvernement.

Ce gouvernement fait ainsi de la place aux femmes et aux trentenaires, mais cet affichage ne remplacera pas une politique. Satisfaire les espoirs qui se sont fait jour dans les mobilisations populaires de ces dernières années impliquerait de s’en prendre aux privilèges de la bourgeoisie et à la mainmise du capital sur l’économie. Pour cela, les travailleurs et les classes populaires devront se fier bien plus à leurs propres luttes qu’au gouvernement Boric.

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