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Dans les entreprises
EDF : dirigeants syndicaux et direction main dans la main
Du 25 au 27 janvier les salariés d’EDF ont été appelés à plusieurs mouvements de débrayages ou grèves et à des rassemblements.
Le 25 janvier, journée prévue depuis des semaines, il s’agissait de réclamer une augmentation des salaires et des pensions de retraite dans le secteur de l’énergie. Mais, comme entre-temps le gouvernement avait décidé d’augmenter l’ARENH, c’est-à-dire la quantité d’électricité d’origine nucléaire qu’EDF a l’obligation de brader à ses concurrents, tous les syndicats appelaient à s’opposer à cette mesure le 26 janvier.
Enfin le 27 janvier, la journée interprofessionnelle était prévue. En pratique on a vu tous les cas de figure, chaque site choisissant la ou les journées auxquelles participer. Mais le mouvement du 26 contre l’extension de l’ARENH fut de loin le plus suivi. Nombre de salariés craignent en effet pour leur avenir. Selon les chiffres de la direction, 51 % du personnel a fait grève ce jour-là, ce qui est considérable. Il s’agit d’une moyenne et le taux de grévistes atteint 62 % dans le parc nucléaire et 68 % dans l’hydraulique.
Il est évident que le mécanisme de l’ARENH est scandaleux. Rappelons que les concurrents d’EDF qui sont plusieurs dizaines à se bousculer ne produisent pas le moindre kilowattheure pour l’écrasante majorité d’entre eux. C’est pourtant à ceux-là, aujourd’hui menacés de faillite par la hausse des cours européens de l’électricité ou même à ceux qui ne sont pas menacés, comme TotalEnergie ou Engie, que l’État veut faire cadeau d’une électricité nucléaire vendue à bas prix, pour qu’ils puissent la revendre plus cher aux usagers.
On comprend que bien des travailleurs craignent que cette mesure n’entraîne de grosses pertes, voire, qui sait, que le gouvernement l’utilise comme prétexte pour provoquer un démantèlement ultérieur d’EDF, comme il en était question il n’y a pas si longtemps avec le plan Hercule, aujourd’hui officiellement abandonné. D’où le succès de la grève.
Mais un autre élément scandaleux est l’attitude des directions syndicales chez EDF, et principalement de la CGT qui reste, malgré un recul depuis plusieurs années, le syndicat le plus important. La grève du 26, encore une fois pour protester contre une mesure scandaleuse, correspondait en effet exactement à ce que souhaitait la direction.
Le PDG d’EDF a déploré l’extension de l’ARENH mais s’est incliné, car il est le représentant de l’État qui détient près de 84 % du capital d’EDF. Maintenant, ce sont les dirigeants syndicaux qui réalisent l’union sacrée avec leur direction. Le lendemain de la grève du 26, un tract publié au nom de l’ensemble des syndicats a titré : « Salariés, Managers, Directeurs, Dirigeants, vous êtes 51 % à avoir fait grève. » Voilà donc les directeurs et les dirigeants de l’entreprise embarqués sur le vaisseau syndical.
Car il ne faut pas oublier que dans cette affaire, si EDF est mise à contribution, car elle ne pourra pas vendre l’électricité au prix qu’elle espérait, elle n’en demeure pas moins une entreprise extrêmement profitable, qui fait des bénéfices par milliards et qui exploite de plus en plus durement ses employés. Et de plus, ce n’est pas la première fois que l’État fait des cadeaux au capital privé, par le biais d’EDF.
Les dirigeants syndicaux espèrent grâce à leur attitude avoir la reconnaissance de la direction. Ils l’obtiendront peut-être. Mais cela ne changera pas le sort des travailleurs, dont les conditions de travail se dégradent notamment du fait des suppressions de postes, et dont les salaires sont à la traîne, ayant perdu 10 % de pouvoir d’achat en dix ans.
Il n’y a aucune communauté d’intérêt entre les travailleurs et la direction. Les travailleurs ont à défendre leurs propres intérêts contre le patron et l’État qui, dans le cas d’EDF, ne font qu’un.