Hôpitaux de Paris (AP-HP) : Hirsch repart à l’attaque04/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2466.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Hôpitaux de Paris (AP-HP) : Hirsch repart à l’attaque

Mardi 27 octobre, Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique – ­Hôpitaux de Paris (AP-HP) a présenté la énième version de son plan d’attaque contre les conditions de travail du personnel hospitalier sous le titre Protocole d’accord relatif à l’organisation du temps de travail à l’AP-HP.

Les versions précédentes avaient entraîné une forte réaction du personnel des hôpitaux. En mai et juin, des journées de manifestations et des grèves bien suivies avaient contraint Hirsch à renoncer à faire passer son projet en force.

Le refus du plan par le personnel était tel que les syndicats s’étaient tous rangés, bon gré mal gré, sous la bannière d’une intersyndicale de l’AP-HP. Fin octobre, Hirsch a juste réussi à obtenir au bas de son protocole la signature des dirigeants de la CFDT, ou en tout cas de sa secrétaire générale à l’AP-HP. On est loin d’un accord majoritaire, d’autant que la CFDT de l’AP-HP représente seulement 15 % des voix lors des élections professionnelles.

Les autres organisations, d’ailleurs, ont maintenu le titre d’intersyndicale et appellent à une manifestation le 17 novembre. Il y a de quoi !

Le contenu du protocole

Le mouvement avait commencé par le refus du personnel de voir diminuer le nombre de repos, dits RTT. Dans le nouveau protocole, Hirsch persévère dans ce sens. La disparition, programmée au 1er septembre 2016, de l’horaire en 7 h 50 aboutirait en effet à diminuer de six le nombre de ces repos.

En même temps, disparaîtraient la journée de la fête des Mères et les deux jours dits de « forfait protocole ». Derrière les grands mots sur l’amélioration des conditions de travail, il y aurait donc un vol manifeste des repos du personnel et une aggravation considérable de ses conditions de travail.

Hirsch semble faire une concession au mouvement de grève en réaffirmant que l’horaire de 7 h 36 est l’horaire de base. Mais les 7 h 30 – horaire destiné à voler des jours de RTT –, chassées par la porte, sont réintroduites par la fenêtre, avec les 12 heures pendant le week-end : ce seront les horaires des nouveaux embauchés et des « volontaires ». Une fois ce cheval de Troie introduit, combien d’années faudra-t-il pour éliminer les 7 h 36 au profit des 7 h 30 ?

Le nouveau protocole prévoit également de généraliser d’ici le 1er septembre 2016 l’équipe de journée, appelée dans les services qui la pratiquent déjà « grande équipe ». Il s’agit de « l’alternance programmée des horaires continus de matin et d’après-midi » plutôt que d’horaires variables, comme écrit par erreur dans Lutte ouvrière du 30 octobre. Cette alternance serait appliquée même à ceux qui n’étaient pour l’instant que du matin ou que d’après-midi. Hirsch continue à faire comme si les problèmes des services venaient d’une mauvaise organisation du travail, alors que c’est le manque d’embauches qui est en cause.

L’équipe de journée ne résoudra rien. C’est l’embauche qui doit être adaptée aux besoins en personnel, pas les horaires.

Derrière le plan, il y a toujours la volonté du gouvernement de réaliser des économies sur le budget des hôpitaux publics, dont 30 millions d’euros sur la masse salariale. C’est ce qui se cache en particulier derrière la réduction des missions de remplacement par des CDD ou de l’intérim. Cela aboutira à faire faire le même travail, voire davantage de travail, à un personnel toujours moins nombreux.

Dans son protocole, l’AP-HP dit vouloir réduire la précarité. Alors pourquoi continue-t-elle à embaucher les nouveaux agents en CDD ? Contrat après contrat, ils font le même travail que les titulaires, il faut donc que l’AP-HP les embauche.

Il faut riposter

Au cours du mouvement et maintenant, des travailleurs mobilisés ont exprimé des doutes justifiés sur la loyauté des négociateurs syndicaux envers eux. Tandis que l’intersyndicale répétait le mot d’ordre de « retrait du plan Hirsch non négociable, non amendable », tous continuaient les discussions avec ­Hirsch. Les comptes rendus filtraient peu et avec retard, une fois passés au tamis de chaque direction syndicale.

Ce manque de transparence est apparu le jeudi 18 juin, au lendemain d’une nuit de négociations avec Hirsch, puis au début de l’été, quand des responsables CFDT et SUD ont accepté le relevé de conclusions de Hirsch, puis ont fini par claquer la porte. Certains syndiqués et sympathisants de la CFDT sont aujourd’hui déçus par la signature du protocole.

On est vraiment loin des syndicats créés autrefois par les travailleurs pour sortir de l’isolement et organiser collectivement leur défense. Les appareils syndicaux sont devenus en partie des rouages du système de domination du patronat et de l’État, y compris dans les hôpitaux. Seuls des moments de mobilisation massive des travailleurs déstabilisent cette intégration des syndicats. Les plus honnêtes des militants syndicaux le savent bien et se réjouissent de ces moments où les travailleurs prennent eux-mêmes leur sort en mains.

Tous dans la rue le 17 novembre

Des assemblées générales ont recommencé à se réunir dans plusieurs hôpitaux de l’AP-HP. Le texte du protocole circule et est discuté. Tout le monde se rend compte qu’il n’a rien à voir avec un progrès vers l’équité, bien au contraire. S’il s’applique, il ouvrira la porte à une déréglementation totale des horaires et des conditions de travail.

Il n’y a pas plus de raisons de laisser faire qu’au mois de mai et de juin. La réaction collective du personnel de l’AP-HP est la seule chance de faire reculer Hirsch !

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