Continental : une grève victorieuse à Sarreguemines04/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2466.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental : une grève victorieuse à Sarreguemines

Commencée à 14 heures jeudi 29 octobre, la grève des 30 ouvriers de Manuas, sous-traitant de Continental-Sarreguemines fabriquant les poudres pour les mélanges de caoutchouc, se concluait à minuit par l’obtention de 150 euros net par mois et le renforcement des équipes pour améliorer les conditions de travail.

Le travail de ces ouvriers, exécuté dans des conditions dures, avec une atmosphère polluée par les poudres, est vital pour l’usine Continental. Ce site de production qui se trouve juste en bordure de l’usine, sur un terrain qui appartient à Continental, a été confié en sous-traitance à un consortium dirigé par le groupe Brovedani. Cette société a des liens privilégiés avec la direction de Continental puisqu’elle a reçu, également en sous-traitance, la réception, le stockage et l’expédition des pneus, sous le couvert d’une autre société, Crealog.

Les poudres faites par Manuas sont un élément indispensable pour la confection des mélanges servant à produire les gommes des pneus de Continental, et elles sont livrées à flux tendu. Il n’y a que quelques heures de stock, et c’est ensuite toute l’usine de 1 500 travailleurs qui se retrouve progressivement à l’arrêt si les poudres viennent à manquer. Les salariés avaient mis la barre très haut en réclamant 500 euros. Il fallut attendre le début de soirée pour qu’une première proposition de 50 centimes de l’heure soit faite, rejetée immédiatement par les grévistes, qui précisaient qu’ils ne descendraient pas en dessous d’un euro de l’heure net, soit 150 euros net par mois.

La direction de Continental tenta un coup de force vers 22 heures en voulant prendre elle-même des camionnettes de Manuas pour récupérer des poudres stockées sur le site où se trouvaient les grévistes. Ceux-ci ne l’ont pas laissée faire. Un peu plus d’une heure plus tard, après que Continental eut donné de nouvelles instructions, le patron de Manuas a dû donner satisfaction totale aux grévistes, en ajoutant le renforcement en personnel des équipes débordées de travail. Sur la base d’un accord signé, les salariés mettaient fin au mouvement.

C’est la deuxième grève des travailleurs de Manuas en un peu plus d’un an. La première avait eu lieu en septembre 2014, en liaison avec leurs camarades de Crealog dont leur patron commun voulait licencier le secrétaire CGT de la délégation unique du personnel de Crealog, accusé de dénigrer l’entreprise sur Facebook. Ceux de Crealog obtenaient alors l’annulation de la procédure de licenciement, et ceux de Manuas une augmentation de 100 euros par mois. Depuis, au bout de cinq heures de grève en septembre dernier, ceux de Crealog avaient encore obtenu 50 euros par mois.

Cela fait 250 euros d’augmentation obtenus en un an par les ouvriers de Manuas, ce qui rattrape un peu les salaires qui étaient de 40 % inférieurs à ceux de Continental. Cette victoire ne peut qu’encourager leurs camarades de Crealog à réclamer avec force à leur patron commun le même traitement. Et, plus généralement, les 1 500 travailleurs de Continental peuvent vérifier que la grève est le seul moyen vraiment efficace de se faire entendre.

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