Retraites complémentaires : la « liberté » de travailler plus longtemps04/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2466.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites complémentaires : la « liberté » de travailler plus longtemps

Vendredi 30 octobre, les représentants des organisations patronales et de trois syndicats (CFDT, CFTC et CFE-CGC) ont validé l’accord sur les retraites complémentaires du secteur privé négocié le 16 octobre dernier.

Pour les retraités actuels, l’accord se traduira par une baisse de leurs pensions. D’une part parce qu’à partir de 2016, et pour trois ans, il reconduit la sous-indexation des pensions d’un point par rapport à l’inflation. D’autre part parce que la date de revalorisation sera repoussée de sept mois.

Pour les futurs retraités, l’accord augmente le prix d’achat du point de cotisation aux caisses complémentaires, l’Arrco et l’Agirc, ce qui se traduira par une baisse du rendement du point et donc du montant des pensions servies. D’autre part, il instaure un système dit de bonus-malus.

À partir de 2019, c’est-à-dire pour les personnes nées en 1957, ceux qui décideront de partir à 62 ans, âge légal de départ en retraite, et justifiant de la durée de cotisation requise pour bénéficier de la retraite à taux plein… ne pourront plus en bénéficier : leur pension sera en effet amputée de 10 % pendant trois ans, c’est-à-dire jusqu’à 65 ans. C’est le malus. Pour bénéficier d’une retraite complémentaire sans abattement, ils devront travailler jusqu’à 63 ans.

Ceux qui continueront à travailler après 63 ans, eux, auront droit à une augmentation de leur pension qui sera fonction de l’âge auquel ils partiront en retraite : de 10 % pendant un an pour un report de départ de huit trimestres, de 20 % pour douze trimestres supplémentaires, et de 30 % pour seize trimestres. C’est le bonus. En fait, c’est surtout une façon de noyer le poisson, c’est-à-dire de cacher le but de la manœuvre : il s’agit de faire reculer, dans les faits sinon dans la loi, l’âge du départ à la retraite. Le Medef l’a dit clairement, expliquant par la voix d’un de ses porte-parole que « l’accord acte qu’il faut prolonger la durée du travail jusqu’à 63 ans » et qu’il doit « faire tache d’huile sur le régime général et sur celui des fonctionnaires ».

Interrogé le 19 octobre sur l’antenne de RTL, Hollande s’est réjoui de la conclusion de cet accord. Il a osé expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un « report de l’âge légal de la retraite, qui est toujours de 62 ans » mais d’« une liberté donnée aux salariés ». Il faut oser une telle hypocrisie ! Car les futurs retraités n’auront le choix qu’entre travailler un an de plus, jusqu’à 63 ans, ou perdre 10 % de ce qu’ils touchent des caisses de retraite complémentaire, donc une part importante de leur pension.

En fait de liberté, cela ressemble plutôt à du chantage.

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