Une émission sur le stalinisme : anticommunisme, quand tu les tiens04/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2466.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Une émission sur le stalinisme : anticommunisme, quand tu les tiens

Isabelle Clarke et Daniel Costelle, connus pour leurs documentaires « Apocalypse » sur Hitler et les deux guerres mondiales, ont récidivé en s’attaquant cette fois à la personnalité de Staline avec l’émission “Apocalypse Staline” diffusée le 3 novembre sur France2. Le succès de la formule réside dans la colorisation des archives anciennes et la découverte de quelques séquences inédites. Mais pour la compréhension des événements, c’est une autre affaire.

Les auteurs sont des adeptes du « retour arrière ». On commence par l’invasion de l’URSS par les nazis en 1941 et on revient à la jeunesse de Staline. Ces va-et-vient relevant parfois du passage du coq à l’âne sont parfaits pour n’y rien comprendre. Mais, après tout, n’est-ce pas le but ?

Faute de chronologie et d’explications sérieuses, on se retrouve devant un galimatias qui mélange demi-informations historiques, mensonges répétés de façon à en faire des vérités, explications incomplètes et anecdotes creuses sur la sexualité de Staline. Mais le souci des auteurs et de leur conseiller historique – il paraît qu’il y en a un – n’est évidemment pas la vérité mais de faire étalage de l’anticommunisme qui a cours aujourd’hui, en suggérant en prime que nazisme et stalinisme, c’est du pareil au même.

Les mensonges se succèdent. Les bolcheviks, staliniens ou antistaliniens, sont tous des « tyrans » et forcément « sanguinaires » ; la révolution d’Octobre est un coup d’État sans participation populaire réalisé par les « cavaliers de l’apocalypse » qu’auraient été les bolcheviks. Le pouvoir traînait dans la rue, ils s’en sont emparés pour plonger la Russie dans le chaos. Ce que fut le tsarisme et le rôle de la Première Guerre mondiale dans le développement d’une situation révolutionnaire en Russie et dans toute l’Europe ? Pas un mot.

Même constat pour l’isolement de la révolution russe et ses conséquences, le développement d’une bureaucratie qui étouffa la révolution prolétarienne. Pourtant, si les auteurs avaient un tant soit peu compris le rôle de Staline comme fossoyeur de la révolution, ils auraient pu lui tresser des couronnes à ce titre. Mais ils nous content qu’il restait un partisan de « l’utopie », comme Lénine et Trotsky. Ils veulent bien admettre le sacrifice du peuple russe dans l’issue de la Seconde Guerre mondiale, mais d’une manière telle que cela revient à faire l’apologie du seul Staline !

Ceux qui seront restés devant leur écran auront pu voir un tout petit bout de film inédit qui montre qu’après la mort de Lénine, Trotsky restait le plus populaire des dirigeants soviétiques, ce qui suggère que les idéaux de la révolution prolétarienne restaient alors bien vivants au sein de la population. Mais évidemment il ne faut pas compter sur ce documentaire pour comprendre que le rôle de Staline a été d’user du pouvoir dont il disposait pour écraser ceux qui continuaient de penser que débarrasser l’humanité entière de l’exploitation capitaliste est la seule tâche humaine digne de ce nom.

Il faut croire que si des documentaristes, en quête de succès, consacrent autant d’énergie à déverser des flots d’ignominie contre le communisme, c’est que l’objectif des communistes, en finir avec le système capitaliste et sa barbarie croissante, reste bien actuel.

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