Arabie saoudite : cajoler une dictature, ça rapporte04/11/20152015Journal/medias/journalnumero/images/2015/11/2466.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Arabie saoudite : cajoler une dictature, ça rapporte

Le groupe français Accor, premier groupe hôtelier européen, possédant les chaînes Ibis, Mercure, Novotel, Sofitel, Pullman et bien d’autres, vient de passer un important contrat en Arabie saoudite.

De l’aveu de ses dirigeants, il s’agirait même du plus gros projet du groupe dans le monde. Il s’agit de l’aménagement et de la gestion de près de la moitié des 5 000 chambres d’un complexe hôtelier destiné aux pèlerins de La Mecque.

Dans cette ville interdite aux non-musulmans, le marché représenté par les millions de pèlerins vaut bien une messe. Le groupe Accor s’est entendu avec le groupe d’investissement saoudien Al Rajhi, qui a investi plus de 700 millions d’euros, lui assurant que les chambres respecteront les normes islamiques strictes.

C’est loin d’être le premier contrat d’Accor en Arabie saoudite, où le groupe est implanté depuis près de vingt ans et gère 50 hôtels. Mais il semble bien que les affaires soient en ce moment particulièrement florissantes dans la région. Ainsi, Accor vient aussi de créer un partenariat avec un groupe qatari pour l’exploitation de l’hôtel de luxe Grand Mercure à Doha. Aux Émirats arabes unis, il vient de signer son plus gros accord de gestion pour l’exploitation de cinq hôtels, dont quatre sont en cours de construction.

Ce feu d’artifice de contrats arrive après que Dassault a vendu ses avions Rafale au Qatar et à l’Egypte, grâce à des prêts saoudiens, et qu’Areva et EDF ont en projet la construction de deux réacteurs EPR en Arabie saoudite. Airbus vient de passer contrat pour des A350 et A380 destinés à Saoudia Airlines et Thales a fourni à l’armée saoudienne un système de défense antiaérienne qu’elle avait pourtant refusé il y a trois ans au profit d’un concurrent américain.

Tout cela est le fruit de la diplomatie française au Proche-Orient, et notamment en Syrie. Celle-ci consiste à cajoler les émirs mécontents de la nouvelle stratégie américaine. En se réorientant vers l’Iran, Bachar al-Assad et la Russie, et en lâchant les milices djihadistes soutenues entre autres par l’Arabie saoudite et le Qatar, les États-Unis ont froissé certains de leurs fidèles alliés de la région. Et Fabius, Valls et Hollande se sont précipités pour jouer les porte-parole des monarques pétroliers, se proclamant les plus farouches opposants à Assad, au nom de la liberté du peuple syrien, bien sûr.

Les gesticulations des dirigeants français n’auront évidemment aucun impact réel sur l’évolution de la situation en Syrie. L’impérialisme français n’a plus ce poids-là depuis bien longtemps. Au bout du compte, il se rangera à la solution sur laquelle États-Unis et Russie se seront mis d’accord.

Mais en attendant, s’ériger en représentants des intérêts des pires dictatures religieuses au nom de la démocratie, qu’est-ce que cela rapporte aux trusts français ! Et c’est bien la seule chose qui compte pour les « socialistes » au pouvoir à Paris.

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