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Climat : Hollande brasse du vent en Chine
De sa toute récente visite en Chine, François Hollande rentre avec ce qu’il souhaitait : les médias français vantent le succès diplomatique qu’il y aurait obtenu en signant un accord sur le climat avec le président chinois.
Hollande prépare ainsi la COP 21, conférence internationale sur la limitation du réchauffement climatique, qui va se réunir dans quelques semaines à Paris. Cette conférence s’ouvrira opportunément quelques jours avant les élections régionales et Hollande espère en tirer une image de sauveur de la planète qui l’aiderait, pense-t-il, à sauver un peu son camp de la défaite électorale annoncée.
Ce voyage en Chine a été l’occasion pour nombre de commentateurs de présenter le pays comme le plus gros pollueur mondial, car responsable d’un quart des émissions mondiales des gaz à effet de serre. Mais, compte tenu de sa population, la Chine, qui émet selon les derniers chiffres disponibles 6 tonnes d’équivalent CO2 par habitant et par an, est bien plus vertueuse que la France qui en émet 10 tonnes et les États-Unis 17 tonnes par habitant.
Les dirigeants chinois sont actuellement d’autant plus enclins à s’engager à réduire ces émissions que leur économie ralentit sa croissance et consomme moins de matières premières qu’auparavant. Ainsi, en matière d’extraction charbonnière, les profits étaient assurés pour les groupes capitalistes quand la croissance économique et la spéculation avaient fait plus que tripler le prix de la tonne de charbon en Chine de 2005 à 2008. Mais à présent que la crise est là et que les bulles spéculatives se dégonflent, le prix du charbon chinois est revenu à ce qu’il était il y a dix ans. Ce n’est donc pas pour lutter contre le réchauffement climatique, mais pour maintenir ses profits, que le premier groupe minier chinois a annoncé en septembre la suppression de 100 000 emplois sur les 240 000 travailleurs qu’il emploie.
Le succès diplomatique de Hollande en Chine se résume donc à avoir convaincu les dirigeants chinois de signer un accord international de limitation de la pollution qui, même révisable tous les cinq ans, n’a en fait rien de contraignant.
Tous les engagements des États en vue de la COP 21 sont sur le même modèle : aucun mécanisme de sanction n’est prévu à l’encontre de ceux qui ne respecteraient pas leurs promesses. Il en a été de même pour les vingt précédentes conférences sur le climat réunies depuis 1995 : les pays ne s’exposent qu’à la publication de rapports expliquant, année après année, que les engagements n’ont pas été tenus et que le réchauffement climatique n’est pas freiné.
« Si un pays ne tient pas ses engagements, la pression politique et psychologique sera forte », estime quant à lui Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, ressassant ainsi un discours qui jusqu’à présent n’a rien empêché.
Faire confiance à de tels bonimenteurs pour veiller sur l’avenir climatique de la planète, c’est s’exposer à de fortes déconvenues.