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- Lutte ouvrière n°2385
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Leur société
La manifestation du 12 avril : Déçus de Hollande et trompés par le Front de gauche
De nombreux manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Quand on est de gauche, on taxe la finance », « Quand on est de gauche, on est du côté des salariés », ou encore « Quand on est de gauche, en Europe c'est l'humain d'abord ».
Ceux qui ont eu l'illusion qu'Hollande mènerait une politique différente de Sarkozy ont le sentiment légitime d'avoir été floués. Dès son arrivée au pouvoir, Hollande a poursuivi la même politique antiouvrière que son prédécesseur à l'Élysée, justifié les milliards versés au patronat par des arguments sur la compétitivité ou la nécessité de « baisser le coût du travail ».
Mais les dirigeants du PCF et du Parti de gauche, comme Mélenchon, eux, connaissaient trop bien Hollande pour avoir eu la moindre illusion sur la politique qu'il mènerait une fois élu. Cela ne les a pourtant pas empêchés d'appeler à voter sans aucune réserve pour Hollande, contribuant eux aussi à susciter des attentes dont ils savaient très bien qu'elles seraient déçues.
L'Humanité, rendant compte de la manifestation, écrit : « Les forces de gauche sont dans la rue pour récuser le tournant social-démocrate du chef de l'État, symbolisé par son pacte de responsabilité, et lui signifier que la nomination de Manuel Valls est un mauvais signal ! » Comme si Hollande avait attendu la nomination de Valls et le pacte de responsabilité pour démontrer qu'il était un fidèle serviteur de la bourgeoisie ! Pour les dirigeants du PCF comme pour Mélenchon, c'est une façon de s'exonérer de leurs responsabilités dans la tromperie dont les travailleurs ont été victimes.
La manifestation du 12 avril s'intégrait évidemment dans la campagne du Front de gauche pour les élections européennes de mai prochain. Elle est venue à point nommé sceller la réconciliation du PCF et de Mélenchon après les dernières élections municipales. En effet, cherchant à entretenir son image critique du gouvernement, Mélenchon s'était déclaré en faveur de listes concurrentes au PS d'une façon systématique, tandis que le PCF, d'abord préoccupé de sauver ses élus et ses mairies, a souvent privilégié des listes d'union avec les socialistes.
Les élections municipales passées, ils peuvent se retrouver à battre le pavé ensemble pour se démarquer de la politique du PS. Pour la grande majorité des participants à la manifestation du 12 avril, la déception, voire le désarroi, au vu de la politique du gouvernement Hollande, sont sans aucun doute profonds et sincères. Mais ce n'est certainement pas à la politique des dirigeants du PCF et du PG, qui les ont consciemment fourvoyés, qu'ils peuvent se fier pour ouvrir d'autres perspectives.