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- Lutte ouvrière n°2385
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Dans le monde
Rio de Janeiro -- Brésil : La police fait place nette... pour les spéculateurs
À grand renfort de tirs et de grenades lacrymogènes, appuyés par un hélicoptère et un bulldozer, ils ont chassé tout le monde, matraquant les traînards, arrêtant les récalcitrants, et jusqu'à un journaliste qui filmait leurs hauts faits sur son téléphone portable.
Rio de Janeiro compte quelque 800 favelas, pudiquement appelées « communautés », dont la plus grande abrite 100 000 personnes. Dans cette ville de 6 millions d'habitants, qui est un paradis pour les riches, la crise du logement est telle qu'il naît des favelas presque tous les jours : il suffit qu'un accès s'ouvre dans un terrain vague ou un bâtiment abandonné pour qu'en quelques heures des milliers de personnes l'occupent.
La Telerj était dans les années 1990 une chaîne de télévision publique, qui fut ensuite privatisée et rachetée par le groupe des médias Oi. Elle fonctionnait dans un ensemble de bâtiments construits autour d'un parking d'un quartier central, non loin du stade du Maracana. L'ensemble était vide depuis vingt ans quand, le 31 mars dernier, un millier de personnes s'y sont installées, squattant les étages délabrés et montant sur le parking leurs tentes et leurs baraques de bois, de carton et de tôle. Elles étaient 6 000 une semaine plus tard, quand la Oi a demandé leur expulsion.
Ne pouvant invoquer la lutte contre les gangs de la drogue, qui lui sert ordinairement à justifier l'envoi de la police et de l'armée contre les favelas, le maire de Rio a laissé entendre que cette occupation serait l'oeuvre de « professionnels ». Comme si des pauvres étaient incapables de s'organiser et de faire fonctionner une communauté, même sans eau ni électricité !
Les expulsés campent à présent devant la mairie, au bord de la grande avenue Président-Vargas qu'ils menacent de couper si on ne les reloge pas. Les autorités ne se soucient pas de quelques milliers de sans-logis supplémentaires, à condition qu'on ne les voie pas en centre-ville. Si les habitants de la Telerj ont été expulsés, c'est probablement à cause de la spéculation immobilière, pour libérer un espace constructible en pleine ville, dans une zone qui s'embourgeoise à toute allure.
Crise du logement aggravée, expulsions, répression : c'est l'envers du décor de la Coupe et des Jeux olympiques au Brésil.