Continental -- Clairoix : Procès en appel sur la fermeture 500 ex-salariés rassemblés17/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2385.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental -- Clairoix : Procès en appel sur la fermeture 500 ex-salariés rassemblés

Jeudi 10 avril la cour d'appel d'Amiens siégeait à Mégacité, qui possède une salle de mille places. Là se tenait le procès en appel de la décision du conseil des prud'hommes de Compiègne, qui avait jugé que la fermeture de l'usine de Continental-Clairoix et les 1 113 licenciements qu'elle avait entraînés étaient sans aucune motivation économique. En outre, il avait jugé que le véritable employeur des salariés était le groupe international, et non sa filiale française.

Les ex-salariés avaient décidé de venir en masse à Amiens, et le comité de lutte les avait conviés à une assemblée aux portes de l'auditorium avant le début du procès. Au total, plus de 500 ex-salariés de Continental se sont présentés. Si aujourd'hui, cinq ans après l'annonce de la fermeture, tant d'ex-travailleurs de l'usine de Clairoix restent mobilisés, c'est d'abord, bien sûr, pour le sentiment d'injustice qu'ils ressentent à l'égard des patrons de ce groupe richissime qui les a jetés à la rue. Mais c'est aussi la suite de leur lutte, la fierté de l'avoir menée démocratiquement et jusqu'au bout de ses possibilités, et d'en avoir été pleinement les acteurs.

Car, et c'est ce qui a été rappelé au rassemblement, c'est cette mobilisation, sa profondeur et sa durée, qui n'avaient pas été programmées par les patrons de Continental. Cela a eu des conséquences multiples, bien au-delà de l'usine de Clairoix. Fin novembre, 250 manifestants, en immense majorité des ex-salariés de Clairoix, se rendaient encore au ministère de la Justice derrière une banderole réclamant « Justice pour les travailleurs », avec l'appui de syndicats de la grande majorité des usines Continental en France. Ils exigent le respect des accords signés par Continental et l'État, et restés lettre morte en ce qui concerne les reclassements, car aujourd'hui 475 salariés sont encore inscrits à Pôle emploi

La direction du groupe, quant à elle, a été égale à elle-même. Après avoir provisionné le coût du plan social dans ses bilans et en avoir déduit les impôts correspondants, elle a soustrait aux salariés de l'usine de Sarreguemines, quatre années de suite, plusieurs milliers d'euros par an et par salarié sur la participation, « pour payer le plan social de Clairoix ». La même direction de Continental AG avait, au niveau du groupe, depuis 2012 provisionné également le coût d'une éventuelle condamnation. Eh bien, cette année, elle vient de soustraire à nouveau plus de 4 000 euros par salarié à Sarreguemines, au titre de la participation de l'année passée, ô combien bénéficiaire, « pour payer les éventuelles condamnations sur Clairoix ».

Cette décision a provoqué des arrêts de travail spontanés à l'usine de Sarreguemines, contre l'avis de la grande majorité des syndicats. La popularité de la mobilisation des travailleurs de Clairoix est bien réelle parmi les salariés du groupe, et la haute direction le sait. Comme elle l'a fait dire, elle « voudrait pouvoir définitivement tourner la page de Clairoix », et en finir avec l'abcès de fixation que cela provoque, quitte à négocier quelques aménagements pour permettre une meilleure prise en charge des salariés sous la responsabilité de Pôle emploi. Elle souhaiterait aussi pour cela une « condamnation raisonnable, qui ne l'obligerait pas d'aller en cassation ».

Le jugement sera rendu le 30 septembre. Mais, quoi qu'il arrive, les travailleurs de Continental auront montré que, même face à un groupe multimilliardaire fort de 177 000 salariés, les travailleurs peuvent se faire respecter. Et c'est cela qui est encourageant pour tous les travailleurs du groupe, mais aussi bien au-delà.

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