Procès de la vache folle : Ni responsables ni coupables17/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2385.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès de la vache folle : Ni responsables ni coupables

Après dix-sept ans de procédure, le parquet de Paris a demandé un non-lieu général pour les différents responsables des usines d'alimentation pour bovins, accusés d'avoir propagé la forme humaine de l'encéphalite spongiforme bovine (ESB), plus connue sous le nom de maladie de la vache folle.

Au milieu des années 1990 avait éclaté un immense scandale sanitaire. Il faisait suite à la généralisation de l'alimentation des animaux d'élevage par des farines animales venues remplacer l'alimentation à base végétale. Par souci de rentabilité maximale, ces farines étaient composées de carcasses d'animaux, de déchets divers, produits dans des conditions sanitaires déplorables afin de réduire le plus possible leurs coûts de production. Ces pratiques avaient abouti à la transmission de la maladie de la vache folle à des troupeaux entiers de bovins. Puis cette maladie était passée à l'homme sous la forme d'une variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob.

Apparue en Angleterre, l'épidémie avait entraîné l'interdiction des exportations des viandes et farines britanniques, mais seulement en 1996. Et ces mesures n'avaient pas empêché l'extension de la maladie en France. Face au boycott généralisé des consommateurs, à leur désertion des étals de boucherie et autres chaînes de restaurants spécialisés, et surtout à la déstabilisation des grosses sociétés de la filère viande, les gouvernements européens durent finalement se résoudre à interdire l'usage de ces farines animales dans les élevages.

C'est alors sous la pression d'associations de consommateurs et de victimes de la maladie qu'en France fut ouverte une information judiciaire en mai 1997. L'enquête s'enlisa ensuite peu à peu et les défenseurs de la puissante filière bovine finirent par l'emporter. Comment prouver le lien direct entre la maladie de certains animaux et celle de victimes humaines alors que justement les farines étaient le produit du mélange de multiples produits animaux ? L'argument a fini par permettre à la justice de clore le dossier.

Ainsi les responsables de 27 décès de consommateurs en France ne seront jamais condamnés. Et c'est sans compter les probables futures victimes dans la décennie à venir, car la maladie peut mettre près de 50 ans à se déclarer.

La décision de justice vient à point nommé après que, en février 2013, sous la pression des industriels de l'agroalimentaire, l'usage des farines animales a été de nouveau autorisé pour nourrir les poissons d'élevage. Les principaux pays européens se sont entendus pour étendre à l'avenir cette utilisation à d'autres espèces comme les porcs et les volailles. En dehors de tout contrôle réel, menée par l'appât du profit et avec la complicité des gouvernements, l'industrie des farines animales et tous les profiteurs de la filière viande voient se dégager des perspectives de profits, au mépris des conséquences pour la santé des consommateurs.

Pour savoir réellement ce qu'il y a dans leur assiette, il faudrait instaurer un contrôle réel des consommateurs et des travailleurs de la filière sur la production alimentaire et supprimer le secret commercial qui la rend opaque. Ce n'est pas le projet de label « sans farine animale » qui pourra représenter une garantie. N'a-t-on pas encore récemment incorporé de la viande de cheval dans des lasagnes certifiées 100 % pur boeuf ?

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