Marine Le Pen : La démagogie à l'oeuvre17/04/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/04/une2385.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Marine Le Pen : La démagogie à l'oeuvre

Lors de l'émission télévisée Des paroles et des actes du 10 avril sur France 2, Marine Le Pen a déclaré tout de go : « Le programme du Front national est le même depuis vingt-cinq ans. » Elle a pu se payer le culot d'un aussi grossier mensonge, sans qu'aucun journaliste ne le relève. Or, c'est patent, les dirigeants du FN ont changé opportunément de programme... il y a moins de trois ans, en 2012, juste avant l'élection présidentielle !

Comme tous les politiciens, comme tous les démagogues, Marine Le Pen adapte ses discours à ce qui peut plaire. En 2012, elle avait gommé de son programme les prises de position trop outrancièrement antiouvrières afin de racoler des suffrages dans l'électorat populaire. Certes, on retrouve dans la version « adaptée » de ce programme des fondamentaux de l'extrême droite, la promesse par exemple d'augmenter considérablement le budget de l'armée au nom de l'indépendance nationale. Dassault, comme les galonnés, auraient toujours de beaux jours devant eux si, par malheur, le FN arrivait aux commandes.

Mais certaines propositions sont passées à la trappe depuis cette époque. Ainsi, le FN se présente aujourd'hui comme le défenseur des services publics. C'est pourtant ce parti qui, en 2004, préconisait de remettre à la libre entreprise « les télécommunications, les transports, les loisirs, l'industrie -- à l'exception de l'énergie --, les activités financières. »

Marine Le Pen dénonce aujourd'hui la réforme des retraites, en particulier à l'égard des femmes. Elle « oublie » qu'en 2003, au moment de la grève contre la réforme des retraites de Fillon, son père, qui était alors à la tête du FN, déclarait : « Au lieu de décider de la retraite à 60 ans, il fallait progressivement la reporter à 70 ans pour ceux qui le désirent », ligne que le FN a conservée jusqu'en 2012. Elle-même renchérissait, dans un communiqué intitulé « Courage Fillon », demandant au ministre de ne pas céder comme Juppé l'avait fait face aux grévistes en 1995 !

Le FN ne met plus en avant la suppression de l'impôt sur la fortune et la modification de l'impôt sur le revenu. Il ne faut pourtant pas gratter bien profond pour que cette millionnaire, qui se pose en défenseur des petites gens, s'affiche au service des intérêts des actionnaires, en justifiant par exemple les milliards que le gouvernement actuel, dans le sillage de son prédécesseur, a accordés à la famille Peugeot, au nom de la défense de « notre » industrie. Pour elle, les responsables du chômage sont les immigrés, les syndicalistes, les travailleurs qui se défendent contre les agissements et les attaques de leur patron, mais pas les patrons qui licencient, qu'elle n'attaque jamais, les justifiant au nom des nécessités économiques.

Marine Le Pen est donc fort capable de dire un jour une chose, le lendemain son contraire. Mais il y a une ligne dont elle ne déviera pas : elle maintiendra ses positions profondément antiouvrières.

Marine Le Pen prétend, la main sur le coeur, qu'elle aime les ouvriers. Mais tous les patrons disent aimer les ouvriers, à condition qu'ils se laissent exploiter docilement et, comme ils préfèrent leurs profits, ils n'hésitent pas à les jeter à la rue sans le moindre état d'âme. L'amour de Marine Le Pen pour les travailleurs est de cette eau-là.

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