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Leur société
Télécoms : Repartage du gâteau au sommet
Les grandes manoeuvres chez les géants français de la téléphonie font les gros titres. Qui va racheter SFR ? Quelles seront les conséquences sur les tarifs ? Combien d'emplois risquent de disparaître ? Ce qui est certain, c'est que cette réorganisation vise à accroître les profits des actionnaires du secteur, à un point tel que tous semblent s'en lécher les babines.
Il y a un an et demi, après sept ans de procédure judiciaire, les trois plus gros opérateurs du secteur, Orange, SFR et Bouygues Telecom, avaient été condamnés pour une entente illicite pratiquée entre 1997 et 2003. L'amende imposée, de 534 millions d'euros, était dérisoire au regard des bénéfices colossaux engrangés. Il y a encore quelques années, Orange a lui seul distribuait entre trois et quatre milliards d'euros de dividendes par an à ses actionnaires. En 2011, SFR et Bouygues versaient au total de leur côté 5,4 milliards d'euros de dividendes.
L'ampleur du gâteau ne pouvait qu'appâter d'autres capitalistes. Et un quatrième larron, Free, soutenu par des banques, a forcé les trois premiers acteurs à partager. La mise en place de ce nouveau ménage à quatre ne s'est pas faite toute seule. Pour récupérer des parts de marché, Free a dû faire baisser les prix et a obligé tout ce secteur à rogner un peu sur ses surprofits.
Avec la vente de SFR, il semble aujourd'hui que tous ces grands groupes et les banques qui leur sont associées aient trouvé un terrain d'entente. L'opération qui se dessine serait le rachat de SFR à Vivendi par Bouygues Telecom, pour un montant de plus de dix milliards d'euros, tout en laissant 46% du capital de SFR au groupe Vivendi. À cet accord s'en ajouterait un autre, par lequel Bouygues vendrait à Free tout son réseau d'antennes. Même Orange y trouverait son compte, en voyant le club se réduire de nouveau. À eux trois, ces protagonistes domineraient alors plus de 90% du chiffre d'affaires du secteur.
Parmi les motivations pour ce genre de fusions, il y a évidemment les restructurations et les économies d'échelle, c'est-à-dire le fait de concentrer le travail sur toujours moins de salariés en supprimant des emplois. Et ce ne sont sûrement pas les déclarations d'un Montebourg, prétendant que sa politique vise à « favoriser l'emploi, l'emploi et l'emploi », qui y changeront quoi que ce soit. Derrière ce genre de phrase creuse, Montebourg applaudit à la politique patronale de ces géants des télécoms.
Les consommateurs, eux aussi, risquent de voir à terme la note se saler à nouveau. En Autriche, le passage de quatre à trois opérateurs avait fait augmenter la facture moyenne de 6%, voire 10% pour certains forfaits.
Au fil de l'évolution technologique, le secteur des télécoms est devenu un des plus profitables. Et, par-delà les rivalités, les grands groupes savent au bout du compte très bien s'entendre pour s'approprier, à travers l'exploitation de leurs salariés, une vraie rente sur le dos de toute la population.