Groupe Ascometal : Les banquiers pillent l'entreprise...qui le fait payer aux travailleurs12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Groupe Ascometal : Les banquiers pillent l'entreprise...qui le fait payer aux travailleurs

Le groupe Ascometal vient d'être placé en redressement judiciaire. Bien qu'il y ait des commandes, ce groupe sidérurgique, qui emploie près de 2 000 travailleurs, et dont les principales usines sont à Hagondange en Moselle et à Fos-sur-Mer, est financièrement étranglé et mis dans l'incapacité de rembourser ses dettes.

En octobre 2011, Ascometal était racheté par le fonds d'investissement Apollo. Racheté, c'est un bien grand mot puisque le rachat se faisait par un LBO (Leverage Buy Out), une technique des sociétés financières pour acquérir une entreprise sans dépenser d'argent, en endettant la société qu'elles rachètent. Autrement dit en se payant sur la bête.

Le fonds Apollo a ainsi fait contracter par Ascometal un prêt de 300 millions d'euros auprès des banques, au taux usuraire de 12,5 % ! Un taux d'intérêt ruineux, mais qui fait le bonheur de Bank of America et Morgan Stanley, les deux banques à l'origine du prêt.

Ascometal avait déjà été racheté par le biais d'un LBO par le sidérurgiste Lucchini, ce qui lui avait coûté 122 millions pour financer ce précédent rachat, sans compter les 125 millions de dividendes que Lucchini avait empochés sur le dos des travailleurs du groupe.

Ascometal doit rembourser aujourd'hui 37 millions par an aux deux banques du dernier LBO et, comme l'activité a diminué avec la crise, la société se retrouve étranglée par des dettes qu'elle ne peut rembourser. En fait, ce sont surtout les travailleurs que la direction étrangle et à qui elle fait payer la rapacité des banques. L'an dernier, elle a réussi à imposer un accord de compétitivité, volant entre autres des jours de RTT aux travailleurs et aggravant la flexibilité. Tout cela pour « sauver » l'entreprise... On voit ce qu'il en est aujourd'hui.

Le fonds Apollo, par contre, roule sur l'or. Son principal actionnaire, un certain Léon Black, s'est ainsi offert en septembre 2012 le célèbre tableau d'Edward Munch intitulé Le Cri pour 120 millions de dollars. Une bagatelle pour ce monsieur, qui dispose d'une fortune de plus de 3 milliards de dollars.

Aujourd'hui, ce sont les travailleurs qui sont menacés de perdre leur emploi. Le gouvernement se dit prêt à sortir le chéquier et à apporter 50 millions, mais à condition que les banques fassent des efforts, ce qu'elles refusent pour l'instant.

En tout cas les travailleurs n'ont pas à faire les frais des montages financiers qui font voler les millions, voire les centaines de millions au-dessus de leur tête. Ils ont le droit moral d'exiger le maintien de tous les emplois et de refuser tous les sacrifices qu'Apollo ou un autre repreneur voudraient encore leur imposer.

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