Un Buisson bien malodorant12/03/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/03/une2380.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Un Buisson bien malodorant

Patrick Buisson, le journaliste qui avait été le conseiller politique de Sarkozy pendant sa campagne de 2012, avait donc la fâcheuse habitude d'enregistrer les conversations privées qu'il avait avec Sarkozy et d'autres proches. Pour se défendre, cet ex-directeur du journal d'extrême droite Minute explique que c'était en quelque sorte des notes audio pour préparer les prochaines réunions. Mais, vu la teneur de ce qui se disait dans ces cercles fermés, on est en droit de penser que c'était aussi une assurance pour l'avenir.

Ainsi, dans les extraits publiés par le Canard enchaîné et mis en ligne par le site Atlantico, on entend des réflexions peu amènes sur des ministres qualifiés « d'archinuls », de « totalement calamiteux » ; ou encore « elle ne dit que des conneries », une gentillesse pour Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé.

Patrick Buisson n'est sans aucun doute pas un « conseiller » très regardant sur les méthodes. Il était déjà impliqué dans une autre affaire, celle des sondages de l'Élysée, dans laquelle un juge enquête sur les contrats conclus sans appel d'offre avec neuf instituts de sondage, dont la société de conseil de Buisson, Publifact. Ses conseils étaient tout sauf gratuits, et comme tous ceux qui grenouillent autour du pouvoir, Buisson entendait bien en profiter.

À droite, la révélation des écoutes de Buisson a entraîné une levée de boucliers, Henri Guaino parlant même de « viol » et Raffarin, l'ancien Premier ministre, parlant « d'une extrême violence ».

L'affaire Buisson vient s'ajouter en quelques jours à l'affaire Copé, dans laquelle celui-ci est accusé de surfacturation, ayant favorisé des sociétés amies avec l'argent de la campagne de Sarkozy. En même temps, la justice continue d'enquêter sur l'agenda présidentiel du même Sarkozy et sur le financement de ses campagnes. Tout cela ne fait que lever un petit coin du voile sur les moeurs des ministres et des dirigeants politiques, en particulier ceux de l'UMP. Liés de multiples façons au grand patronat et aux plus riches fortunes du pays, ils en ont aussi les pratiques. Corruption, trahisons, coups en douce, enregistrements discrets pouvant servir plus tard à quelque chantage : au fond, les moeurs régnant dans l'entourage d'un Sarkozy et de ses semblables sont à leur image et à celle de la politique qu'ils défendent, pourries jusqu'à la moelle.

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